Quelques pierres d’achoppement qui laissent entrevoir la véritable histoire des limites au pétrole

Par Gail Tverberg
13 août 2013

Les limites au pétrole est une histoire qui recouvre de nombreux champs disciplinaires. Elle n’est pas facile à comprendre. La plupart des gens qui écrivent des choses sur le « Peak Oil » sont issus de sciences dures comme la géologie, la chimie ou l’ingénierie. Ci-dessous, le lecteur trouvera quelques obstacles pour comprendre l’histoire complète qu’il m’a été donnée d’entrevoir. Inutile de dire que tout ce qui a pu être écrit sur le « Peak Oil » ne tombe pas dans ces différents panneaux, mais à cause d’eux, comprendre l’histoire « réelle » est néanmoins difficile.

Les obstacles que je vois sont les suivants :

1. La quantité disponible sous forme d’offre de pétrole est avant tout une question financière.

L’un des problèmes à côté duquel les tenants du pic pétrolier sont passés, et qui est la principale critique qui leur est faite, c’est le fait que si les prix du pétrole sont élevés, cela permet d’exploiter des sources de production plus coûteuses – du moins tant que ces sources de production plus coûteuses ne se révèlent pas trop coûteuses pour les consommateurs potentiels. Ainsi, un prix élevé peut prolonger la production de pétrole pendant plus longtemps que ce qui pourrait paraître possible si l’on écoute ce que disent les modèles fondés sur les données de production passée. Par conséquent, les prévisions qui reposent sur les modèles de production passée ont des chances d’être inexacts.

Les économistes sont, eux, passés à côté de l’autre face de ce problème. Si les prix du pétrole sont bas (par exemple, 20 dollars le baril), l’économie a des chances d’être très différente de ce qu’elle est quand les prix du pétrole sont élevés (proches de 100 dollars, comme c’est le cas actuellement).

Lorsque les prix du pétrole sont bas, il est probable qu’augmenter rapidement la production de pétrole soit possible si on le souhaite, car extraire un baril de pétrole supplémentaire n’exige que peu d’efforts. Dans une telle ambiance économique, créer des emplois est facile, car les nouvelles technologies comme les voitures et les climatiseurs qui sont fabriqués et transportés grâce à ce pétrole sont abordables. La croissance de la dette a elle aussi une grande logique, car un surcroît de dette permet de consommer du pétrole en plus grande quantité. Il y a de bonnes chances que cette dette puisse être remboursée, même avec des taux d’intérêt assez élevés, compte tenu de la situation favorable de l’emploi et de la croissance vigoureuse de l’économie.

Lorsque les prix du pétrole sont élevés, une bataille constante se produit entre tirer les prix du pétrole vers le bas et transférer ces prix élevés sur le reste de l’économie. Les entreprises ont peu tendance à être affectées par ces prix élevés, car il leur est possible de résoudre le problème : (a) en augmentant les prix des produits finis qu’elles vendent (réduisant ainsi la demande pour leurs produits, et conduisant à une réduction de la production, et donc des emplois), ou (b) en économisant sur les coûts par l’externalisation de la production vers un pays à plus faible coût de production (ce qui réduit aussi les emplois aux États-Unis), ou (c) en faisant appel à une automatisation accrue (ce qui réduit aussi les emplois aux États-Unis).

Ceux qui ont tendance à être les plus touchés par les prix élevés du pétrole sont les salariés, qui constatent que leurs chances d’obtenir des emplois bien rémunérés sont plus faibles, et les États qui ont de plus en plus de difficultés à percevoir des recettes fiscales suffisantes auprès des salariés et ainsi financer tous les avantages sociaux qu’ils ont promis.

2. Un coût plus élevé de l’extraction de pétrole dans le futur ne signifie pas nécessairement que le prix du pétrole que les consommateurs peuvent se permettre de payer augmentera.

Au sein des groupes qui défendent la réalité du pic pétrolier, j’entends souvent dire « quand les prix du pétrole vont augmenter... » Comme si des prix du pétrole qui augmentent était une évidence. Si les entreprises peuvent se permettre de payer davantage pour le pétrole dont elles ont besoin, particuliers et États se trouvent, eux, dans une situation financière de plus en plus mauvaise. Et l’assouplissement quantitatif ne leur rapporte pas d’argent – son effet est de gonfler le prix des actifs, ce qui offre un avantage qui n’est que temporaire : jusqu’à ce que les bulles des prix des actifs crèvent, comme ils l’ont déjà fait dans le passé, ou que les taux d’intérêt augmentent.

La limite à l’approvisionnement en pétrole est ce que j’appellerais une limite d’abordabilité. Les jeunes qui sont au chômage ne peuvent pas se permettre d’acheter des voitures. Lorsqu’ils sortent de l’enseignement supérieur avec de lourds crédits étudiants sur le dos, acheter un logement leur est également impossible. Aux États-Unis, en Europe et au Japon, il semble que nous ayons déjà atteint la limite d’abordabilité à la quantité de pétrole que nous consommons chaque jour. La croissance économique est faible, car la consommation de pétrole baisse.

Figure 1. Consommation de pétrole, d’après le BP Statistical Review of World Energy 2013.

Figure 1. Consommation de pétrole, d’après le BP Statistical Review of World Energy 2013.

Le risque, tel que je le vois, est que le prix du pétrole que les consommateurs peuvent se permettre de payer va baisser en dessous de son coût d’extraction. C’est cette baisse du prix du pétrole qui va provoquer la chute de l’offre. Si la baisse de prix est phénoménale, on pourrait se retrouver face à un déclin très rapide de la production de pétrole, en particulier dans les pays à coût de production élevé, comme les États-Unis et le Canada. Certains pays exportateurs de pétrole pourraient se retrouver en difficulté, incapables de percevoir les recettes fiscales dont dépend leur budget. Cela pourrait conduire à des soulèvements populaires au Moyen-Orient, et sans doute à une baisse de la production pétrolière dans les pays en question.

Je dois souligner qu’il n’y a pas que les avocats du pic pétrolier qui semblent croire que les prix du pétrole peuvent augmenter sans fin. Les économistes, et tous ceux qui font des prévisions au sujet du changement climatique, semblent eux aussi partager ce point de vue. Si les prix du pétrole et des autres combustibles fossiles pouvaient augmenter sans fin, on pourrait extraire une grande partie des combustibles fossiles présents dans le sous-sol.

3. Une confusion très courante est faite concernant ce que Marion King Hubbert a pu réellement dire au sujet de la forme de la courbe de déclin.

Marion King Hubbert est connu pour avoir publié des images de l’approvisionnement mondial en pétrole semblant montrer une croissance, puis une décroissance qui sont symétriques. En d’autres termes, s’il a fallu 50 ans pour que la production de pétrole passe d’un niveau A à un niveau B, il faudrait aussi 50 ans pour que la production de pétrole passe du niveau B au niveau A. Cette pente à la baisse relativement faible rassure nombre de personnes qui s’inquiètent du pic de pétrole, parce qu’elles croient que cette lenteur de la baisse de la production pétrolière sera utile pour mettre en place des stratégies d’atténuation.

En fait, si l’on regarde attentivement les articles de Hubbert, on découvre que la prévision de Hubbert d’une baisse symétrique de la hausse reposait sur le fait qu’une autre source d’énergie remplace totalement le pétrole et les combustibles fossiles même avant le début de leur déclin. Par exemple, en regardant son article de 1956 intitulé Nuclear energy and the Fossil Fuels, on voit le nucléaire devenir majoritaire avant que ne se produise le déclin des combustibles fossiles :

Figure 2. Figure de l’article de Hubbert de 1956, d’après Nuclear energy and the Fossil Fuels.

Figure 2. Figure de l’article de Hubbert de 1956, d’après Nuclear energy and the Fossil Fuels.

L’article qu’Hubbert a publié en 1976 évoque l’énergie solaire comme substitut au pétrole, à la place du nucléaire. Mais dans son article de 1962, intitulé Ressources énergétiques – Un rapport au Comité des ressources naturelles (Energy Resources – A Report to the Committee on Natural Resources), Hubbert parle de la possibilité de disposer d’une énergie si bon marché et en quantité si énorme qu’elle permettrait, en gros, de produire l’inverse d’une combustion – combinant énergie en très grande quantité, dioxyde de carbone et eau pour fabriquer des combustibles de nouveaux types et de l’eau. Si tout cela était possible, cela résoudrait plusieurs des problèmes du monde – régler nos émissions élevées de CO2, produire des carburants en grande quantité pour nos véhicules actuels, voire dessaler l’eau de mer sans utiliser de combustibles fossiles.

De toute évidence, la situation actuelle est très différente de ce que Hubbert imaginait. Ni l’énergie nucléaire ni l’énergie solaire ne sont des substituts suffisants pour que notre économie actuelle puisse continuer à fonctionner à la fois comme dans le passé et en se passant totalement des combustibles fossiles. Nous avons en circulation des voitures, des tracteurs et des camions en très grand nombre, qu’il faudrait convertir pour qu’ils consomment de l’énergie provenant d’une autre source si l’on veut se débarrasser du pétrole.

Si aucun substitut parfait aux combustibles fossiles ou au pétrole n’existe, alors la situation est très différente de celle que Hubbert imaginait. Si l’approvisionnement en pétrole se réduit (peut-être en réponse à une baisse des prix du pétrole), alors l’économie mondiale devra s’adapter rapidement à un approvisionnement réduit en énergie, ce qui perturbera les systèmes de n’importe quel type. La baisse d’approvisionnement en pétrole et en autres combustibles fossiles risque d’être beaucoup plus rapide que ce que suggère la courbe symétrique de Hubbert. À ce sujet, j’ai écrit l’article intitulé Le déclin de l’approvisionnement mondial en pétrole sera-t-il rapide ou lent ?

4. Nous avons déjà une estimation de la forme que prend la partie descendante quand il n’existe pas de substitut parfait à la ressource qui est limitée.

L’histoire donne de nombreux exemples de sociétés qui ont trouvé un moyen d’accroître considérablement leur approvisionnement alimentaire (par exemple, en défrichant des terres pour les mettre en cultures, ou en apprenant à irriguer). Peter Turchin et Sergey Nefedov ont étudié de manière détaillée huit sociétés agraires de ce type et publié leurs découvertes dans le livre Secular Cycles.

Turchin et Nefedov ont constaté qu’au début, la population de ces sociétés a pu croître grâce à une plus grande capacité à faire pousser de la nourriture. En règle générale, cette croissance démographique a duré nettement plus de 100 ans, la population continuant à croître pour atteindre la nouvelle capacité de production de nourriture.

Au bout d’un certain temps, les économies analysées sont entrées dans une période de stagflation, durant laquelle la population laborieuse a vu son salaire stagner, parce qu’une première limite avait été atteinte. À ce moment-là, la population avait atteint une taille que les nouvelles ressources pouvaient encore soutenir confortablement. Au-delà de ce seuil, la croissance s’est mise à ralentir. La population a continué d’augmenter, sans que la surface de cultures puisse être elle-même augmentée. Accroître le nombre d’agriculteurs n’a pas permis d’augmenter beaucoup la production. La dette a elle aussi augmenté au cours de la période de stagflation. Le graphe ci-dessous est l’estimation que je donne du profil général de la croissance démographique constatée par Turchin et Nefedov à partir du moment où la société trouve comment augmenter sa production de nourriture.

Figure 3. Forme du cycle séculaire typique, d’après les travaux de Peter Turchin et Sergey Nefedov. (Figure de Gail Tverberg.) 0 30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 Croissance > 100 ans Stagflation 50–60 ans Crise 20–50 ans Intercycle Forme d’un « cycle séculaire » typique Années à partir du début du cycle

Figure 3. Forme du cycle séculaire typique, d’après les travaux de Peter Turchin et Sergey Nefedov. (Figure de Gail Tverberg)

Toutes ces sociétés ont fini par entrer dans une période de crise. L’un des problèmes majeurs auxquels elles furent confrontées était la nécessité de continuer de financer les programmes publics qui avaient été institués au cours des périodes de croissance et de stagflation. Avec la stagnation des salaires des travailleurs, percevoir des recettes fiscales suffisantes pour financer tous ces programmes devint de plus en plus difficile. Rembourser les dettes contractées devint également un problème. Les prix alimentaires eurent tendance à augmenter et à devenir assez variables. Les gouvernements devinrent de plus en plus vulnérables à l’effondrement, soit du fait de forces extérieures, soit en étant renversé en interne. La population finit par diminuer du fait de divers facteurs – plus de guerres, et une population affaiblie devenant plus sensible aux épidémies.

Il me semble que notre situation actuelle est quelque peu analogue à ce qui s’est produit au cours de ces cycles séculiers. Le monde a commencé à utiliser des combustibles fossiles en quantité importante vers 1800, et il a atteint une phase de stagflation au début des années 1970 alors que la production pétrolière américaine commençait à diminuer. À présent, nous faisons face au symptôme classique des ressources qui n’augmentent pas aussi vite que la population – en l’occurrence, les salaires des travailleurs qui stagnent. Les prix des combustibles fossiles ont tendance à augmenter et à varier fortement. Les problèmes financiers que les États rencontrent actuellement ressemblent énormément à ceux qu’ont rencontrés les civilisations passées lorsqu’elles ont atteint des limites aux ressources.

Personne ne sait si notre civilisation actuelle connaîtra le même sort que les civilisations passées qui ont atteint des limites, car notre économie n’est pas une de type agraire. Notre civilisation est mondialisée, et dépend largement du commerce international. Les emplois sont beaucoup plus spécialisés que le passé. Mais à moins que notre approvisionnement en énergie bon marché connaisse une nouvelle croissance miraculeuse et capable de corriger nos problèmes de jeunes travailleurs qui ne trouvent pas d’emplois suffisamment bien rémunérés, il semble y avoir de bonnes chances que nous nous suivions en gros le même chemin.

5. Un taux de retour énergétique (EROEI) élevé est une condition nécessaire mais pas suffisante pour qu’une source d’énergie soit un substitut approprié au pétrole.

Notre économie est un système financier compliqué, alors que l’EROEI est une métrique à une dimension. Il est capable de nous dire ce qui ne fonctionnera pas, mais il permet pas de nous dire ce qui va fonctionner.

Le moindre substitut au pétrole (par exemple, une transition vers des voitures électriques) doit être considéré en gardant sans cesse à l’esprit que les questions importantes sont celles du coût total d’une transition vers un nouveau système énergétique, celle du calendrier de ces coûts et celle de qui paiera ces coûts. Prendre en considération les répercussions de ces coûts sur ceux qui courent déjà le plus de risques est particulièrement important – à savoir, les gens qui rencontrent déjà des difficultés à gagner un salaire correct, et les États qui rencontrent de plus en plus de difficultés à financer les avantages qu’ils ont promis dans le passé. Si l’on demande aux gens de payer pour des coûts plus élevés, cela réduira la part de leur salaire qu’ils dépenseront sur d’autres postes. Si un État est déjà sous contrainte financière, ajouter en plus une contrainte énergétique peut le faire « passer de l’autre côté de la ligne rouge », et rendre impossible la perception d’assez d’impôts pour financer tous les programmes promis.

6. On peut facilement être influencé par le fait que tout le monde aime vivre heureux pour toujours.

Ceux qui ont adopté le point de vue des avocats du pic pétrolier accusent souvent les médias grand public de mettre en avant une version « heureux pour toujours » de l’histoire du pétrole. Mais à mon avis, la communauté du « Peak Oil » est elle aussi tentée d’écrire sa propre histoire « heureux pour toujours ».

Dans la version des médias grand public, l’économie pourra continuer de croître, et nous pourrons continuer de conduire des voitures et de travailler comme aujourd’hui, malgré la nécessité d’adopter une source d’énergie d’un autre type.

La version de l’histoire chez les tenants du pic pétrolier semble souvent dire : « Si l’on économise et que l’on apprend à vivre heureux avec moins, on n’aura pas trop de problèmes. » Certains semblent suggérer qu’accumuler les panneaux solaires pour un usage individuel pourrait être utile. D’autres semblent croire qu’il est possible de transformer la société dans son ensemble en rajoutant encore du solaire et de l’éolien à notre système électrique actuel.

La difficulté que pose le fait de vouloir ajouter une nouvelle source d’énergie de manière massive, c’est qu’on ne connaît aucune source d’énergie de ce genre qui soit réellement capable d’être un substitut bon marché au pétrole. Si le photovoltaïque, l’éolien ou toute autre source d’énergie nouvelle étaient vraiment de bons substituts aux combustibles fossiles, ils seraient extrêmement bon marché et pourraient déjà être utilisés dans nos véhicules actuels. Les États pourraient améliorer leur propre situation financière en taxant lourdement ces nouvelles ressources énergétiques. Il serait évident à tous qu’en ajoutant cette nouvelle source d’énergie miraculeuse en quantité encore beaucoup plus grande, il serait possible de créer de nombreux emplois bien payés, en particulier pour les jeunes.

Malheureusement, je ne vois aucun bon substitut au pétrole à notre disposition. À la place, un programme d’assouplissement quantitatif a été mis en place, qui cache pour un temps les problèmes financiers des États et des particuliers en forçant les taux d’intérêt à un niveau très bas. Cela rend voitures et logements plus abordables, et rend le montant des intérêts payés par l’État à un niveau très bas. Nous savons que ces taux d’intérêt artificiellement bas ne dureront qu’un temps. Une fois qu’ils auront « disparu », les taux d’imposition devront augmenter et les prix des actifs (cours des actions, prix des obligations et de l’immobilier) diminuera. Les prix du pétrole peuvent très bien descendre en dessous des coûts de production du pétrole. Nous serons alors encore face au risque de prendre le chemin descendant de « Crise » que montre la figure 3.

L’arrêt des activités de The Oil Drum – ce qu’il reste à dire d’important

La communauté du « Peak Oil » est pleine de bénévoles dévoués, venant d’horizons divers. Je félicite particulièrement les bénévoles de The Oil Drum pour avoir aussi longtemps dénoncé le problème. Nombre d’entre eux ont découvert au moins une partie des pièges de l’histoire traditionnelle du « Peak Oil » que j’ai listés ci-dessus.

Je continuerai à raconter l’histoire des limites au pétrole sur mon propre site, La finitude de notre monde. Dans un proche avenir, je vais également donner un certain nombre de conférences sur ce sujet à des groupes d’actuaires. J’ai aussi besoin de documenter cette histoire sous d’autres formats – dans des livres et dans la littérature scientifique des actuaires. Le fait que le blog The Oil Drum cesse d’être actif ne signifie pas qu’il n’y ait plus d’histoire réelle et importante à raconter. Ce n’est pas tout à fait l’histoire initiale du pic pétrolier, mais elle en est assez proche.