Il ne faut pas s’attendre à ce que le COVID-19 disparaisse.
Il nous faut nous préparer en conséquence

Par Gail Tverberg
11 avril 2021

Le monde peut-il atteindre une « immunité de groupe » en ce qui concerne le COVID-19 ? Anthony Fauci a déclaré que 80 % de la population devait être vaccinée pour pouvoir atteindre l’immunité collective. Mon avis, c’est qu’il est peu probable que l’utilisation de vaccins permette d’atteindre un tel résultat, ce dont j’ai parlé dans mon billet d’août 2020 intitulé « Nous devons changer notre stratégie face au COVID-19 ». Aujourd’hui, l’organe d’information de la prestigieuse revue Nature publie un point de vue similaire : Cinq raisons pour lesquelles atteindre l’immunité collective COVID est probablement impossible.

Dans ce billet, j’explique pourquoi, à mon avis, le COVID-19 risque de devenir endémique, comme la grippe. Les vaccins ne suffiront pas à le faire disparaître complètement. Je me pencherai également sur la question de savoir comment nous devons réagir aux cas de COVID-19 que nous connaîtrons presque certainement à l’avenir.

Dans une large mesure, ce que nous pouvons et devons faire à l’avenir est une question d’énergie. Si nous prévoyons une transition vers un avenir énergétique vert, ou si nous prévoyons simplement de réduire l’utilisation des combustibles fossiles dans les années à venir, nous devrons probablement revoir à la baisse nos projets de vaccins. En fait, tout traitement qui serait décidé dans les bureaux de crise d’aujourd’hui risque de devenir de moins en moins possible à mesure que s’épuisent les réserves énergétiques.

Nous devrons nous concentrer davantage sur ce que notre corps peut faire pour nous, et sur ce que nous pouvons faire pour l’aider dans cet effort. Nous devons également réfléchir à ce que de simples changements dans notre environnement (comme des fenêtres que l’on peut ouvrir) peuvent faire en matière de prévention du COVID-19 et des nombreuses autres maladies transmissibles auxquelles il faut s’attendre à être confronté. La grande question sera celle de changer nos attentes.

[1] Pourquoi est-il peu probable d’atteindre l’immunité collective ?

[1.1] Les virus se moquent de la géographie humaine. Tant qu’il existera quelque part des cas actifs, ils auront tendance à se propager dans d’autres pays.

Au cours de l’année dernière, nous avons constaté l’inefficacité des mesures consistant à interrompre les voyages entre pays pour stopper la progression du virus. Même la Nouvelle-Zélande, au fin fond de l’océan Pacifique, a dû se battre face à ce problème. Le pays a constaté que même en imposant une mise en quarantaine obligatoire de deux semaines après l’arrivée, des cas occasionnels pouvaient encore s’échapper.

De plus, rester à ce point isolé du reste du monde génère des coûts cachés : l’unique raffinerie de pétrole néo-zélandaise a perdu de l’argent du fait de la faible consommation de pétrole du pays. Elle a licencié environ un quart de son personnel et envisage la possibilité d’arrêter tout raffinage en 2022. La Nouvelle-Zélande devra alors importer toute une série de produits raffinés si elle veut continuer à avoir une industrie sur son sol. Il est possible qu’être trop coupé du reste du monde soit un problème, plutôt qu’une solution.

[1.2] Le coût des vaccins est élevé, surtout pour les pays pauvres.

Grâce à un article de presse sur le différend qui oppose Israël à Pfizer concernant ses achats de vaccins, il est possible d’avoir une idée approximative de ce coût. L’article permet aussi de voir ce qui, politiquement, ne va pas.

Israël a récemment fait la une des journaux pour ne pas avoir payé à Pfizer les derniers 2,5 millions de doses de vaccins qu’il lui avait achetées. Pfizer a riposté en interrompant les livraisons suivantes de vaccins à destination d’Israël. L’article ci-dessus ne nous dit pas exactement combien Israël a payé pour le vaccin de Pfizer, mais un calcul basé sur les informations contenues dans l’article semble indiquer que les futures doses provenant d’une combinaison de fournisseurs coûteraient en moyenne 35 dollars par dose environ. Nous savons également que US Medicare paie 40 dollars pour chaque dose du vaccin qu’il administre. En additionnant ces deux montants, on peut estimer que l’achat et l’administration d’une unique dose de vaccin COVID-19 coûte environ 75 dollars. Ainsi, une série de deux doses coûte environ 150 dollars avec les vaccins de haute technologie qu’Israël utilise actuellement (Pfizer, Moderna et AstraZeneca).

Nous savons également qu’Israël prévoyait d’administrer deux doses par personne, tous les six mois, sur la base d’une étude précoce sur la durée de l’immunité offerte par les vaccins. S’il est vraiment nécessaire de répéter le système de vaccination à deux doses tous les six mois, le coût annuel du vaccin par personne serait alors d’environ 2 fois 150 dollars, soit 300 dollars par personne. Benjamin Netanyahou est prêt à acheter toutes ces doses, très probablement parce que cela pourrait le rendre populaire auprès des électeurs. L’opposition à Netanyahou n’est pas de cet avis, ce qui semble expliquer pourquoi le paiement n’a pas été effectué.

Un coût de 300 dollars par personne représenterait 0,7 % du PIB d’Israël en 2019, ce qui est, en théorie, faisable. Mais pour des pays plus pauvres qu’Israël, le coût relatif serait beaucoup plus élevé. Pour l’Afrique du Sud, il s’élèverait à 5 % du PIB de 2019. Pour le Yémen, il s’élèverait à 40 % du PIB de 2019. (Ces calculs sont les miens, et reposent sur les données de PIB en dollars courants fournies par la Banque mondiale.) Il est à peu près certain que pour les pays qui connaissent de graves problèmes financiers, le moindre paiement de ces vaccins poserait problème.

Des vaccins moins chers sont en préparation, mais il semble qu’en pourcentage, leur efficacité dans la lutte contre le virus responsable du COVID-19 soit plus faible. En utilisant ces vaccins, il serait alors plus difficile encore de réduire fortement le nombre de cas jusqu’à ce que la maladie disparaisse simplement faute d’un nombre suffisant de victimes à infecter.

[1.3] Le fait que la maladie puisse infecter les animaux ne fait que rendre encore plus difficile son éradication.

Au départ, la maladie est censée être passée d’un animal à l’homme. Il est déjà établi que le virus responsable du COVID-19 peut infecter de nombreux types d’animaux, y compris les furets et les chats. Si le passage de la maladie de l’animal à l’homme est censé être inhabituel, il est établi que la maladie se propage facilement chez les humains dont l’immunité est insuffisante. La présence d’un réservoir viral chez les animaux augmente la probabilité que cela se reproduise. Avoir un réservoir de personnes vulnérables (non immunisées et en mauvaise santé) augmente également ce risque.

[1.4] Les microbes de tous types mutent fréquemment. La bataille que nous menons pour rester à égalité avec eux est perdue d’avance. C’est en particulier problématique pour les vaccins dont le ciblage est fin.

Il est établi qu’à chaque fois que l’on essaie de réduire la population microbienne, les scientifiques arrivent à trouver des solutions qui fonctionnent pendant un certain temps, mais on finit toujours par perdre la bataille. Les scientifiques peuvent développer des antibiotiques contre les bactéries, mais certaines d’entre elles toujours par évoluer de telle sorte qu’elles réussissent à résister aux effets de l’antibiotique. En fait, la résistance aux antibiotiques devient un problème de plus en plus important. De la même manière, les scientifiques peuvent mettre au point des produits désherbants, mais les mauvaises herbes développent rapidement une résistance à tout ce que nous mettons au point. Avec les vaccins, la situation semble malheureusement être similaire.

Dans ce cas particulier, les scientifiques ont développé des vaccins qui ciblaient l’ARN de la protéine spike du virus responsable du COVID-19. D’une certaine manière, cette approche est très précise, et elle permet de stopper une grande partie des cas de COVID-19. L’inconvénient est que de légères mutations de la protéine spike suffisent à rendre le vaccin bien moins efficace. Il est donc nécessaire de procéder assez souvent à des injections de rappel avec de versions légèrement modifiées du vaccin, peut-être tous les six mois. En l’absence de ces rappels vaccinaux, le vaccin risque de devenir moins efficace contre les nouvelles mutations qui apparaissent.

L’un des dangers est que les fabricants ne peuvent pas suivre toutes les modifications qui seraient nécessaires pour s’adapter aux nouvelles mutations. Un autre danger est que le coût de l’ensemble de ce processus devienne prohibitif. Le système de soins médicaux pourrait être contraint d’abandonner le processus de vaccination, laissant les citoyens dans une situation pire que celle à laquelle ils auraient dû faire face si nous n’avions pas « aplati la courbe » et si nous n’avions pas choisi de rester confronté au virus pendant une période prolongée, rendant ainsi possibles toutes ces mutations.

[1.5] Les raisons pour expliquer la réticence des gens à accepter le vaccin lorsqu’on le leur propose sont bien réelles. De ce fait, obtenir une acceptation sociale des vaccins qui soit de 100 % (ou même de 80 %) sera très difficile.

Il semble qu’il y ait de nombreuses raisons pour lesquelles les gens sont réticents à accepter le nouveau vaccin. Certains ont peur de la douleur liée à l’injection. D’autres craignent d’être un peu malades après l’injection, ce qui les obligerait à s’absenter du travail. Si un employé est payé à l’heure et que ses revenus lui sont à peine suffisants, cela peut être une raison suffisante pour qu’il évite de se faire vacciner. Par des incitations financières, il serait sans doute possible de résoudre ce type de problème.

Parmi les personnes réticentes, il y en a aussi qui ont suivi la situation du COVID-19 de près, et qui se sont rendu compte que des étapes importantes du processus normal d’approbation des vaccins avaient été sautées, rendant difficile l’identification des effets indésirables rares. Pis encore, découvrir des problèmes qui mettent plusieurs mois, voire années, à se manifester, devient impossible. Plus de 100 médecins et scientifiques de 25 pays ont signé une lettre ouverte affirmant que l’utilisation de vaccins aussi radicalement différents de ceux utilisés dans le passé, sans effectuer davantage de tests, est contraire à l’éthique.

L’un des sujets de préoccupation touche au risque de formation de caillots sanguins dans les jours qui suivent l’administration du vaccin. Dans le cas des vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson, des caillots sanguins ont aussi été observés, et il est possible qu’encore d’autres vaccins posent problème. Plusieurs affections connexes semblent aussi avoir été relevées, notamment des cécités soudaines, des crises cardiaques et des décès soudains de personnes âgées dans des maisons de retraite. Ces problèmes semblent être assez rares, mais les gens s’en inquiètent sans disposer de données adéquates sur leur fréquence. S’il s’agit de caillots sanguins, il semblerait que de simples ajustements, comme la prise d’aspirine à faible dose pendant la période de risque, puissent constituer une solution partielle.

Il est établi qu’il existe des vaccins qui peuvent, par inadvertance, aggraver une exposition ultérieure à des versions quelque peu différentes du virus, au lieu d’en stopper l’infection. Le virus à l’origine de la maladie du SRAS est très similaire au virus à l’origine du COVID-19. Lorsqu’en 2012, on a essayé de mettre au point un vaccin contre le SRAS, une étude sur des souris avait montré que l’exposition ultérieure à un virus légèrement différent entraînait la formation de caillots sanguins dans les poumons. Il est déjà établi que pour les vaccins COVID-19, les caillots sanguins peuvent être un problème. Les personnes vaccinées contre le COVID-19 et qui seront, plus tard, exposés à des mutations, feront-elles face à un effet indésirable comme des caillots sanguins dans les poumons ? Personne ne le sait. Les vaccins contre le COVID-19 n’ont pas fait l’objet d’études sur des animaux.

Un autre risque de la vaccination COVID-19 semble être les problèmes auto-immuns, en particulier chez les personnes qui sont déjà prédisposées à ce type de problèmes. Peu de recherches ont encore été menées pour clarifier cette question.

Une question connexe est celle des réactions allergiques aux vaccins, y compris anaphylactiques. La possibilité de réactions allergiques est l’une des raisons pour lesquelles on demande aux personnes vaccinées de rester 15 minutes après avoir reçu leur dose de vaccin. Malgré ces précautions, certains décès peuvent quand même survenir car les réactions allergiques graves peuvent mettre jusqu’à 150 minutes à se manifester. Garder les personnes vaccinées en observation aussi longtemps pose de grosses difficultés.

Les effets à très long terme de la maladie COVID-19 et des vaccins destinés à la prévenir sont eux aussi inconnus. L’Association Alzheimer recommande de mener des études pour voir si les personnes qui contractent le COVID-19 ont un risque accru à long terme de maladies de type démence. En théorie, les vaccins pourraient également entraîner des problèmes similaires en raison des structures de type prion qui se forment, tant avec le vaccin qu’avec la maladie. Sans étude à long terme, nous ne savons pas si l’un ou l’autre méritent d’être des sujets de préoccupation. Si la démence est un problème, répéter les vaccinations va-t-il accroître le risque de démence à long terme ? Personne ne le sait. Si la maladie elle-même et les vaccins peuvent tous deux conduire à de la démence, existe-t-il une stratégie optimale ?

Sans une meilleure compréhension des risques, il est difficile de convaincre de se faire vacciner, en particulier les jeunes. Au départ, leurs chances d’être gravement atteints par la maladie sont faibles. Quel est l’intérêt de prendre un vaccin qui peut augmenter leur risque de maladie grave ou de décès ? Le vaccin peut être approprié pour les personnes âgées de 80 ans et plus, mais le risque est-il vraiment nécessaire pour les jeunes ? Sans de meilleures données, il est difficile de le savoir avec certitude.

[2] Pourquoi il faut cesser de dépendre des vaccins ?

L’article de Nature mentionné plus haut dit dans son paragraphe de conclusion : « Il est temps d’avoir des attentes réalistes. Nous devons réfléchir à la manière dont nous pouvons vivre avec le virus. »

De plus, comme je l’ai mentionné en introduction, nous atteignons des limites énergétiques. Même si, en théorie, on pourrait vacciner contre le COVID-19 tous les habitants de la planète deux fois par an, nous ne disposons pas des ressources nécessaires pour le faire. À certains égards, le problème ressemble à un problème de coût (les pays pauvres, en particulier, ne peuvent pas se permettre d’acheter des vaccins chers), mais il s’agit tout autant d’un problème de ressources. Nous ne pouvons pas consacrer suffisamment de ressources à ce projet sans en priver d’autres projets qui sont nécessaires. Les vaccins sont indéniablement un produit de l’économie actuelle reposant sur les combustibles fossiles. On ne peut pas espérer fabriquer des vaccins avec une électricité intermittente.

Face à des ressources limitées, nous risquons de nous retrouver face à un problème similaire à celui des « rayons vides » dans les magasins. Un nombre limité de doses vaccinales pourraient être disponibles du fait de la destruction accidentelle d’un trop grand nombre de doses lors de la production. Ou bien, les bons réactifs pourraient ne pas être disponibles en quantité suffisante. Ou encore, le pays dans lequel le vaccin est fabriqué pourrait avoir besoin de plus de doses que prévu, et en laisser moins pour d’autres pays. Ou encore, une guerre pourrait sévir dans un pays qui fait partie des lignes d’approvisionnement en vaccins, perturbant la production.

En fait, obtenir les doses de vaccin dans les quantités promises est déjà un problème. Essayer d’augmenter la production alors que les ressources en général se contractent risque d’accroître ce type de problème.

[3] Apprendre à vivre avec le COVID-19 et la diminution des ressources par habitant

S’il s’avère vraiment impossible de résoudre le problème du COVID-19 sauf à vacciner sans fin tout le monde, il nous faut envisager d’autres options.

[3.1] Renforcer notre propre système immunitaire

Notre corps est doté d’un système immunitaire intégré. C’est l’action du système immunitaire qui est à l’origine de la faible incidence et de la faible gravité de la COVID-19 chez certaines personnes par rapport à d’autres. Parmi les éléments qui semblent utiles, citons les suivants :

Il est urgent que les chercheurs étudient activement les stratégies optimales pour conseiller les citoyens. Dans des cours de santé, les écoles pourraient commencer à enseigner ces questions.

[3.2] Changer nos habitudes et nos infrastructures pour tenter de réduire le problème des maladies transmissibles en général, et pas seulement le COVID-19.

Les habitudes de salutation entre personnes varient considérablement à travers le monde. Certaines personnes utilisent l’accolade et la poignée de main, d’autres saluent en s’inclinant. Peut-être devrions-nous adopter des salutations physiques plus distantes, simplement pour aider à réduire la transmission de maladies. Bien sûr, à la maison, l’accolade reste une bonne chose.

Au cours des 100 dernières années, l’accent a été de plus en plus mis sur la construction de bâtiments plus étanches et plus efficaces en énergie. C’est une bonne chose du point de vue des économies d’énergie, mais dans un monde où les maladies transmissibles sont nombreuses, cela ne fonctionne pas. Nous devons nous diriger vers une ventilation beaucoup plus importante, reposant souvent sur le fait d’ouvrir les fenêtres. Du fait des contraintes énergétiques, nous ne pourrons probablement pas continuer à chauffer et à refroidir autant nos bâtiments à l’avenir. Nous devrons nous habiller davantage en fonction des températures extérieures quand nous sommes à l’intérieur.

Certains dirigeants ont suggéré que les trains électriques rapides étaient le mode de déplacement du futur, mais le transport ferroviaire doit lui aussi être correctement ventilé. Il est également probable qu’à l’avenir, nous soyons confrontés à une plus grande intermittence de l’approvisionnement en électricité. Nous devons établir nos stratégies comme si nous devions faire face à un avenir dans laquelle notre approvisionnement en électricité est contraint, tout autant que celui en pétrole ou en vaccins.

[3.3] Trouver des moyens faiblement consommateurs d’énergie pour traiter les cas probables de COVID-19 qui se produisent.

L’approche adoptée jusqu’à présent dans le « monde riche » pour trouver les moyens de faire face au COVID-19 a consisté à rechercher de nouveaux médicaments et vaccins de haute technologie qui offriraient un double avantage : (a) aider les personnes malades et (b) aider l’industrie pharmaceutique. Ce dont nous avons réellement besoin, ce sont des technologies peu coûteuses, des technologies que l’on peut utiliser chez soi. Réutiliser d’anciens médicaments, comme les stéroïdes, est idéal, surtout s’il est possible de les fabriquer localement sans dépendre de lignes d’approvisionnement internationales.

Si le COVID-19 ne disparaît pas vraiment totalement, alors il faut s’attendre à ce que, de manière récurrente, les installations médicales pour traiter tous les patients d’une région donnée soient insuffisantes. Les pays doivent prévoir des stratégies pour faire face à ce problème probable à long terme. Faut-il, par exemple, se fixer une limite d’âge au-delà de laquelle les patients ne pourraient plus bénéficier de ces installations, surtout lorsque la demande est élevée ? Ou bien, autorise-t-on les citoyens les plus riches à s’acheter des services médicaux même quand les autres ne le peuvent plus ? En cas de pénurie, devrait-on attribuer les lits d’hôpital par un système de loterie ? Ordonner à chacun de rester chez soi est une sorte de solution temporaire, mais pour l’économie dans son ensemble, c’est une solution très dommageable.

[3.4] Trouver des dirigeants capables de penser à autre chose qu’à « plus de technologie nous sauvera ». Car malheureusement, il est à peu près certain que cette solution ne marchera pas.

En 1979, Jimmy Carter avait essayé de changer la direction de l’économie américaine en prononçant son célèbre discours du pull-over. Dans ce discours, il disait aux gens qu’ils devaient régler leurs thermostats et conduire moins leurs véhicules parce qu’on faisait face à une crise énergétique. Nous savons tous qu’après ce discours, Jimmy Carter n’a pas été réélu. À sa place, c’est Ronald Reagan qui a été élu. Et il a réduit les impôts et augmenté le niveau d’endettement, retardant temporairement la nécessité de s’attaquer à notre problème énergétique.

Lorsque Anthony Fauci a pris en charge la question du COVID-19, il nous a conduits dans la direction d’une hausse des dépenses pour les vaccins et les produits pharmaceutiques. Ses propres intérêts financiers, tout comme ses intérêts professionnels, allaient dans le sens de l’aide aux intérêts vaccinaux et pharmaceutiques. À aucun moment, il ne s’est arrêté pour se dire : « Ce n’est pas une bataille que nous pouvons gagner. Il y a trop de cas de transmission du virus par des personnes qui ne présentent aucun symptôme. Par le passé, nos résultats en matière d’éradication de maladies avec des vaccins ont été plutôt lamentables. Même en arrêtant le COVID-19 dans une partie du monde, cela n’arrêtera pas le problème à long terme. »

Je m’attends à ce que le président Biden continue sur sa lancée jusqu’à ce que l’économie se mette à « dévaler la falaise ». Dans mon récent article intitulé « Partis pour une bulle de dette qui va exploser », j’ai écrit que l’économie atteignait un point où une discontinuité majeure allait se produire. Les taux d’intérêt sont à peu près aussi bas que ce qu’ils peuvent être, et les niveaux d’endettement atteignent une limite supérieure.

Figure 1. Taux d’intérêts du Trésor des États-Unis à 3 mois et à 10 ans, au 1er mars 2021.

L’administration de Ronald Reagan a commencé à faire baisser les taux d’intérêt peu après son entrée en fonction en 1981. Pendant de nombreuses années, cette baisse des taux d’intérêt a masqué la hausse rapide de la dette et les problèmes énergétiques. À présent, nous sommes à court d’énergie et à court de dette. Quand la bulle de dette mondiale s’effondrera, notre capacité à lutter contre le COVID-19 avec des vaccins risque de se dégrader rapidement. Nous devrons alors trouver de nouvelles stratégies. Malheureusement, il est presque impossible d’envisager de nouvelles stratégies à l’avance.

[4] Conclusion

Bien qu’il soit possible d’entrevoir le changement de direction qui semble nécessaire face au COVID-19 et face aux maladies infectieuses en général, ce n’est pas quelque chose que les personnes en position de diriger vont être en mesure de mettre en œuvre. À la place, nous risquons de « dévaler la falaise » à toute vitesse. Modifier les attentes avant que cela s’avère vraiment indispensable est quasiment impossible.

Tout au plus, quelques personnes intéressées peuvent essayer d’expliquer à leurs concitoyens ce qui se passe. Peut-être que, dans nos propres petites sphères d’influence, nous pouvons apporter quelques petits changements dans la bonne direction, en commençant par renforcer notre propre système immunitaire.