Pourquoi les indications données par les modèles énergie-économie pèchent par excès d’optimisme

Par Gail Tverberg
29 mars 2017

On m’a demandé de faire un discours lors d’un comité d’actuaires qui, avec les problèmes énergétiques dont on parle souvent, sont préoccupés par les questions de modélisation de l’avenir financier d’un certain nombre de programmes sociaux, comme par exemple les régimes de retraite. Tout comme les consultants qu’ils embauchent, ces actuaires font appel à une approche qui repousse les problèmes loin dans le futur. Au cours de cette intervention, j’ai essayé d’expliquer pourquoi leur approche n’avait pas vraiment de sens.

Vous trouverez ci-dessous les diapositives que j’ai utilisées, accompagnées d’une petite explication. Une version PDF de ma présentation en anglais peut être téléchargée via le lien The Mirror Image Problem.

Diapositive 1 Énergie et économie : Le problème de l’image miroir Gail Tverberg, FCAS, MAAA ; 14 mars 2017

Diapositive 1

FCAS signifie « Membre associé de la Société Actuarielle des Victimes » (Fellow of the Casualty Actuarial Society).
MAAA signifie « Membre de l’Académie américaine des Actuaires » (Member of the American Academy of Actuaries).
Les actuaires ont tendance à ne pas être intéressés par les diplômes universitaires.

Diapositive 2 Raconter l’économie est d’une difficulté extrême – l’image miroir a tout autant d’importance que la visée directe Maroon Bells, près d’Aspen (Colorado) – source http://www.worldfortravel.com/ 2012/09/13/the-maroon-bells-united-states/the-maroon-bells-mirror-landscape/

Diapositive 2

J’essaie d’expliquer ici comment une situation plus complexe peut être cachée alors qu’elle est parfaitement visible.

Diapositive 3 Une des raisons du problème de l’image miroir Producteurs et consommateurs de produits énergétiques sont importants Les prix de l’énergie peuvent être trop hauts pour les consommateurs Les prix de l’énergie peuvent être trop bas pour les producteurs Les deux problèmes sont aussi importants l’un que l’autre L’économie mondiale ne peut pas fonctionner sans satisfaire les uns et les autres Un prix                                                 est un problème trop faible ou trop élevé

Diapositive 3

Qu’il faille considérer en même temps les besoins des producteurs d’énergie et ceux des consommateurs d’énergie n’a rien d’évident.

Diapositive 4 Le problème de prix n’apparaît que près des limites Le prix semble « bien sage » sinon

Diapositive 4

Si l’on regarde les discussions qui ont eu lieu à l’époque, on constate qu’à certains moments, on trouvait que les prix étaient trop élevés pour les consommateurs et qu’à d’autres, qu’ils étaient trop bas pour les producteurs. Sur ce sujet, le lecteur pourra lire par exemple mes articles intitulés Les limites d’approvisionnement en pétrole et la crise financière sans fin et Le début de la fin ? Les sociétés pétrolières réduisent leurs dépenses. Ce second article met en évidence le fait qu’en 2013, les entreprises productrices de pétrole réduisaient déjà leurs dépenses, alors que les prix semblaient encore élevés, car même un prix de 100 dollars le baril n’était encore pas un niveau suffisamment élevé pour les producteurs.

Diapositive 5 Les coûts d’exploration et de production du pétrole ont crû rapidement depuis 1999 Figure de Steve Kopits, de Westwood Douglas. CAGR = « taux composé de croissance annuelle ».

Diapositive 5

Les compagnies pétrolières ont tendance à commencer par extraire le pétrole le moins cher et le plus facile à extraire. Elles finissent par devoir passer à des champs plus coûteux à exploiter – les coûts augmentent malgré les améliorations techniques d’extraction. Il semble qu’à partir de l’an 2000 environ, la hausse des coûts ait franchi une marche. Le graphe ci-dessus est de Steve Kopits. Ces données de l’EIA (à la figure 10) montrent aussi une tendance à la hausse des coûts à peu près à la même époque.

Le problème, bien sûr, est que les salaires n’ont pas connu une hausse similaire. Du coup, on se retrouve face à un problème de prix qui sont, soit trop élevés pour les consommateurs, soit trop bas pour les producteurs, comme le montre la diapositive 4.

Diapositive 6 Le problème n’est pas celui qu’imaginaient les premiers modélisateurs L’économie est un système adaptatif complexe La partie énergétique du système atteint des rendements décroissants Leonardo Sticks, http://www.rinusroelofs.nl/structure/davinci-sticks/gallery/gallery-01.html

Diapositive 6

L’économie est constituée de différents éléments : les administrations publiques, les entreprises, les consommateurs. Elle comprend aussi des personnes qui ont un travail dans l’économie, et des personnes et entreprises qui investissent dans l’économie. Elle évolue progressivement dans le temps, à mesure que de nouvelles entreprises et de nouvelles lois sont créées, et que d’autres modifications sont apportées. Les salaires des travailleurs influent sur le montant qu’ils peuvent dépenser. L’économie se réoptimise sans cesse en fonction des biens et services disponibles à chaque instant. Ainsi, par exemple, on ne vend plus trop de règles à calcul. Acheter des voitures à cheval n’est guère plus facile. C’est pourquoi je montre l’économie comme une structure creuse.

Diapositive 7 La croissance économique dans une économie en réseau

Diapositive 7

À présent, parlons un peu de la croissance économique dans une économie en réseau.

Diapositive 8 Une clé de la croissance économique : les outils Produits énergétiques + ressources minérales peuvent servir à faire des outils (au sens large) Haches, couteaux Machines Routes, Véhicules Ordinateurs En utilisant ces outils et de la « technologie », les hommes deviennent plus productifs Des outils en quantité croissante conduisent à une productivité accrue

Diapositive 8

Il est clair qu’outils et technologie peuvent être très utiles pour générer de la croissance économique. J’emploie ici le terme « outils » de manière très large, pour désigner tout type de structure ou d’appareil qui est construit pour aider l’économie à produire. Dans le principe, même les routes en font partie.

Diapositive 9 Fabriquer et utiliser ces outils exige de consommer de l’énergie En partie de l’énergie humaine Concevoir l’outil + Faire fonctionner l’outil En partie tirée de produits énergétiques (fioul, électricité) Extraire les minerais requis et en faire des outils Faire fonctionner les outils Ces outils                           le travail humain démultiplient L’usage accru d’outils démultiplie de plus en plus le travail humain A tendance à générer de la croissance économique : Plus de biens par heure Bien mal nommée « croissance de la productivité du travail »

Diapositive 9

Fabriquer des outils exige clairement de consommer de l’énergie. Très souvent, faire fonctionner ces outils exige aussi de consommer de l’énergie, comme par exemple celle fournie par du fioul ou de l’électricité. Grâce aux outils, les humains peuvent fabriquer des biens et des services de manière plus efficace. Par exemple, s’il faut transporter des objets de petite taille, il est presque toujours plus efficace de le faire par camion que de livrer ces objets en marchant et en les portant dans ses mains. Il est tout aussi clair que des outils comme les camions permettent de faire des choses que l’on ne pourrait jamais faire autrement, comme par exemple transporter des objets lourds ou de taille imposante.

Les économistes parlent souvent d’une « productivité croissante des travailleurs », comme si cette productivité croissante était due à des actions entreprises par les travailleurs – par exemple, essayer de travailler plus vite. Autre explication possible du travail plus efficace, on s’attendrait à ce que la plupart du temps, utiliser de meilleurs outils ou des outils supplémentaires conduise à une hausse de la productivité. Et en fait, ce sont réellement les outils, et l’énergie qu’ils consomment, qui ont cet effet de démultiplication de la productivité des travailleurs.

Diapositive 10 Fabriquer ces outils exige aussi de la dette Problème : le bénéfice des outils n’est que futur Créer des outils exige du travail humain, plus des ressources énergétiques et minérales, avant obtention du moindre bénéfice Comment l’économie peut-elle payer pour ces outils ? Dette et instruments similaires à de la dette Les actions fonctionnent aussi comme de la dette Dette : sert à payer les travailleurs maintenant, pour le bénéfice futur qu’apporteront ces outils Important ! Besoin de dette (en plus de celui d’énergie) = second volet du problème de l’image miroir

Diapositive 10

L’idée qu’ajouter des outils supplémentaires dans l’économie impose de s’endetter est contre-intuitive, sauf si on s’y arrête pour prendre le temps de réaliser que fabriquer un outil exige généralement un certain nombre de ressources (du travail humain, des minerais métalliques et des produits énergétiques). Utiliser ces outils apportera un avantage au bout d’un temps assez long dans le futur. L’entreprise qui fabrique ces outils fait alors face à un problème : elle doit acheter les ressources nécessaires à la fabrication des outils, et payer les travailleurs, bien avant que les outils ne commencent à apporter le moindre avantage. Combler ce manque exige d’avoir recours à la dette (ou à un instrument financier similaire à une dette, comme des actions).

On retrouve le même genre de problème lorsque les biens achetés grâce à de la dette ne sont pas vraiment des outils. Par exemple, un logement que l’on achète grâce à un emprunt immobilier n’est pas vraiment un outil. L’acheteur doit verser des intérêts à une banque ou à un intermédiaire, pour étaler le paiement de son logement sur un certain nombre d’années. De ce fait, une partie de son salaire rejoint le système financier, au lieu de lui permettre de s’acheter les biens et les services dont il a vraiment envie. En général, il est plus commode de payer son logement grâce à de la dette que de le payer comptant. À cause de cette commodité, la dette se révèle donc le plus souvent indispensable aux acquisitions immobilières. Car celui qui construit un logement neuf doit acheter les matériaux et payer les travailleurs au moment de la construction, et non de manière étalée pendant toute la durée de vie du bâtiment. La dette est donc indispensable pour permettre au constructeur, au moment de la construction, de disposer des fonds qui lui sont nécessaires pour acheter les matériaux et payer les travailleurs.

Souvent, les analystes qui viennent du monde des ingénieurs ou des autres « sciences dures » passent à côté de ce besoin de dette. Comme on ne peut ni la voir, ni la toucher, il est facile de penser qu’on pourrait se passer de dette. Le paiement d’intérêts a aussi son importance, car il s’agit un transfert de biens et de services fabriqués par l’économie, qui va des travailleurs vers d’autres secteurs de l’économie (comme le système financier, ou les retraités via des fonds de pension). Il s’agit donc d’un autre usage des produits énergétiques que celui de la fabrication de biens à destination des travailleurs.

Diapositive 11 Une économie produit des biens et services Quantité croissante de produits énergétiques et autres ressources Nombre croissant de travailleurs Approvisionnement croissant en « outils » sans cesse améliorés Quantité croissante de biens et services produits

Diapositive 11

La diapositive 11 montre comment une économie produit une quantité croissante de biens et de services. Les trois types d’entrées que je montre ici sont :

Peut-être devrais-je aussi inclure le produit du secteur public, comme par exemple les routes. Si je le faisais, une quatrième boîte apparaîtrait sur le côté. Mais comme une telle boîte aurait eu du mal à tenir dans la diapositive, je ne l’y ai pas mise.

Diapositive 12 Comment répartir la production ? Plus de dette fournit assez pour payer tout le monde Propriétaires de Quantité croissante de produits énergétiques et autres ressources Nombre croissant de travailleurs Propriétaires de Approvisionnement croissant en « outils » sans cesse améliorés Biens et services futurs Quantité croissante de biens et services produits Inclut les intérêts

Diapositive 12

Comme je l’ai souligné dans la diapositive 10, la dette est indispensable pour disposer des fonds suffisants pour pouvoir payer tous ceux qui fabriquent des outils et, plus généralement, qui fabriquent des biens (comme par exemple les voitures ou les maisons) que nous payons ensuite pendant tout le temps où nous les utilisons. Dans la figure 12, je montre qu’au moins une partie de ceux qui fournissent des intrants au processus reçoivent des « biens et services futurs, plus les intérêts », plutôt que des biens qui ont déjà été fabriqués. De cette façon, le système peut distribuer plus de biens et services que ce que permettrait un système de troc.

Dans les commentaires de la diapositive 11, j’ai relevé que j’aurais peut-être dû inclure un secteur public, sous la forme d’une quatrième boîte. Cette remarque s’applique également ici. La diapositive 12 montre comment le bénéfice des biens et des services créés est distribué. Il faudrait donc probablement ajouter encore plus de boîtes sur le côté. L’une de ces boîtes s’appellerait sans doute « Financement des programmes de retraite ». On en aurait sans doute une autre représentant les paiements faits aux particuliers qui vendent des titres financiers ou de l’immobilier en faisant une plus-value, et qui espèrent acheter des biens et des services grâce au produit de leur vente. Dans le secteur public, il faudrait s’assurer que la catégorie est assez grande pour inclure les biens et les services distribués au titre de l’assurance santé des « baby-boomers » en pré-retraite.

Quand on cherche à modéliser l’économie, il est facile de perdre de vue le fait bien réel que le monde dans lequel nous vivons fonctionne en années calendaires. Chaque année, nous n’extrayons que la quantité de pétrole, de charbon, de gaz et de minerais dont nous avons besoin pour fabriquer des biens et des services. En général, ces biens et services sont mis en vente la même année. Il est facile d’ajouter au système des couches et des couches de promesses pour des « biens et services futurs », sans jamais s’assurer que les ressources disponibles suffisent à rendre possibles les distributions futures de biens et de services promises.

Diapositive 13 La magie de la dette permet de payer tout le monde Les propriétaires des ressources paient souvent en actions ou en dette La dette est la promesse d’une énergie future et de tout ce que cette énergie rend possible Une partie du salaire des travailleurs épargné pour l’avenir Part en épargne de retraite Rembourse le prêt immobilier, finance les études des enfants Est épargné pour un bénéfice futur théorique

Diapositive 13

Souvent, ce sont les propriétaires de ressources qui sont payés en actions ou en dette. Les travailleurs sont payés avec de l’argent (qui est une forme de dette), et ils souhaitent souvent en dépenser l’essentiel en biens et services dont ils peuvent profiter immédiatement.

On peut voir la dette (et le solde des comptes bancaires) comme la promesse d’une énergie future et de tous les biens qu’elle rend possible. Bien sûr, si cette énergie s’avère ne pas être disponible, la promesse aura été faite en l’air.

Diapositive 14 Dette et quasi-dette peuvent prendre de nombreuses formes Premières formes de quasi-dette : Je chasse, tu cueilles ; obligation de garder la production pour la partager Dette : peut être de l’argent (monnaie, pixels...) L’État garantit que le « porteur » pourra acheter avec Semblable au « crédit en magasin » (objet retourné) Dette : peut être émise par les banques Autre forme : obligations émises par les entreprises Actions : assimilables à de la dette Promesse de dividendes, de revente future

Diapositive 14

Il existe de nombreux types de dettes et d’obligations réciproques. J’ai récemment découvert le tableau ci-dessous, qui donne la vision de son auteur du montant de dette actuellement en circulation, en tenant compte de la très grande quantité de produits dérivés. Toutes ces dettes reposent sur l’hypothèse que de l’énergie sera disponible en quantité suffisante à l’avenir pour que l’on puisse créer les biens et les services qui vont répondre à ces différents types de promesses.

La pyramide de dette d’Exeter, créée par le Dr Iris Mack.

Diapositive 15 La dette a un rôle fondamental dans la manière dont fonctionne l’économie Le montant disponible pour « payer » les différents acteurs dépend de la taille du cercle extérieur – plus on en a, mieux c’est ! Quantité croissante de biens et services produits Montant disponible à allouer grâce à des niveaux croissants de dette Inclut encore plus de promesses de paiements d’intérêts

Diapositive 15

La dette a un rôle fondamental pour le système dans son ensemble, car plus le niveau d’endettement est élevé, plus les salaires peuvent être élevés. De plus, un niveau d’endettement plus élevé permet aux prix des matières premières, comme le pétrole, d’être eux aussi plus élevés. Parce qu’un endettement accru semble rendre presque tout le monde plus riche, les gouvernements font tout leur possible pour encourager l’augmentation de la dette et des instruments financiers assimilables à de la dette. Bien sûr, si les taux d’intérêt se mettent à augmenter plutôt qu’à diminuer, les intérêts de cette dette vont devenir un lourd fardeau pour les emprunteurs. Sur la diapositive 12, les taux d’intérêt plus élevés transfèrent une plus grande part des biens et services des travailleurs vers les autres secteurs économiques (comme par exemple les fonds de pension).

Diapositive 16 C’est la                         de la dette qui augmente croissance les salaires et le prix abordable des matières premières Une              de la dette (ou une hausse trop faible) baisse contracte les salaires et les prix Quantité disponible pour repayer les travailleurs et propriétaires actuels Quantité de biens et services réellement produits

Diapositive 16

Une baisse des niveaux d’endettement a le même effet que des coupes budgétaires dans les programmes publics. (En fait, ces coupes budgétaires sont souvent la conséquence de la baisse des niveaux d’endettement.) L’emploi se contracte alors, tout comme le nombre de biens et de services qui peuvent être achetés. L’économie a tendance à se contracter – une situation comparable à celle que nous avons connue pendant la récession de 2008–2009.

Diapositive 17 L’approvisionnement énergétique maximum déterminé par la « demande » – devrait être appelée abordabilité 1. Les salaires des travailleurs peu qualifiés Si maisons, voitures ne sont pas abordables, cela « réduit » la demande 2. Jusqu’à quel point la dette augmente Augmente la demande, et donc les prix 3. Valeur relative du dollar US vs. autres devises Pétrole, majorité des matières premières : prix en US$ 4. Jusqu’à quel point la productivité augmente Dépend de la hausse de la consommation d’énergie dédiée aux outils

Diapositive 17

On entend souvent parler de « l’offre et la demande ». Plutôt que de « demande », il vaudrait bien mieux parler de « quantité abordable ».

J’ai indiqué dans les diapositives précédentes l’importance qu’avaient les salaires et la quantité de dette supplémentaire pour déterminer la quantité abordable. Les deux autres éléments qui ont une incidence sont (3) la valeur relative du dollar par rapport aux autres devises, et (4) jusqu’à quel point la productivité augmente. Si le dollar est très apprécié par rapport aux autres devises, le prix du pétrole a tendance à être bas, parce que tous ceux qui achètent des produits fabriqués dans une autre devise avec du pétrole les trouvent chers.

Diapositive 18 Les niveaux de dette et des taux d’intérêt influent très fortement sur les prix des matières premières Prix du pétrole de Brent (moyenne mensuelle)

Diapositive 18

La diapositive 18 illustre les conséquences très importantes que des niveaux changeants de taux d’intérêt et d’endettement peuvent avoir sur les prix du pétrole. Je ne l’ai pas marqué sur ce graphique, mais le pic des prix du pétrole en 2008 est survenu au moment même où les niveaux d’endettement américains liés aux prêts immobiliers et à la consommation commençaient à baisser. (Pour de plus amples détails, le lecteur pourra consulter mon article publié dans une revue scientifique Les limites de l’approvisionnement en pétrole et la crise financière sans fin.) Les États-Unis ont commencé leur politique d’assouplissement quantitatif (Quantitative Easing) fin 2008, avec l’intention de réduire les taux d’intérêt et faciliter l’endettement. Peu de temps après, les prix du pétrole se mettaient à grimper. Et lorsque les États-Unis abandonnèrent cette politique d’assouplissement quantitatif, en 2014, les autres devises se sont dépréciées par rapport au dollar américain, et le prix du pétrole a de nouveau plongé.

Diapositive 19 Prolonger la croissance économique exige de prolonger la croissance de la dette La quantité de dette requise par unité de croissance de PIB augmente à l’approche des limites Les taux d’intérêt doivent être très bas pour cacher les niveaux très élevés de dette Une dette sans cesse croissante ressemble à une pyramide de Ponzi Doit s’écrouler devant des rendements décroissants Si écroulement, banques, assurances probabl. emportés Passer l’éponge sur une dette était possible à l’époque où toute la dette était due à un monarque Problème actuel : de la « dette recyclée » est utilisée comme actif par les banques, les assurances, etc.

Diapositive 19

La situation que nous connaissons actuellement ressemble fort à un système de Ponzi. Nous sommes obligés de continuer à ajouter toujours plus de dette pour garder des salaires et les prix de matières premières à un niveau suffisamment élevé. Dans le même temps, les taux d’intérêt doivent rester très bas, pour que les paiements restent gérables et empêcher l’ensemble du système de s’effondrer.

Les bilans des compagnies d’assurance, des banques et des fonds de pension incluent beaucoup de dettes. Si ces institutions doivent respecter leurs promesses envers ceux qui ont ouvert des comptes bancaires, souscrit à des polices d’assurance et à des fonds de pension, il est indispensable que cette dette soit remboursée avec intérêts. Il y a bien longtemps, on accordait souvent des jubilés de la dette à certains débiteurs. À présent, cette solution est devenue totalement exclue, car les banques, les compagnies d’assurance et les fonds de pension dépendent directement des paiements à venir que cette dette représente.

Diapositive 20 Une efficacité croissante aidera, mais le progrès technique subit des rendements décroissants Source: Sivak et Schoettle, Université du Michigan, « Consommation sur route des voitures aux États-Unis : 1923–2015 », http://www.umich.edu/~umtriswt/

Diapositive 20

Nous aimons l’idée qu’une meilleure technologie nous apporte toujours plus d’avantages. En fait, la technologie semble faire elle aussi l’objet de rendements décroissants, comme à peu près n’importe quel type d’investissement. Les premiers changements que nous faisons sont toujours les plus simples (par exemple, choisir des voitures plus petites), et ceux que nous faisons ensuite ont tendance à avoir des effets moins grands. Du fait de ce comportement général, il ne faut pas trop compter sur d’énormes changements à venir qu’une technologie salvatrice pourrait nous apporter.

Diapositive 21 Le problème de physique que nous devrions modéliser

Diapositive 21

La plupart des gens ne se rendent pas compte que les lois de la physique déterminent la manière dont les marchés fonctionnent – par exemple, les prix auxquels les ventes peuvent se faire, et si oui ou non, il existe assez de fournisseurs sur le marché pour un produit donné.
Ils supposent que lorsqu’on atteindra des limites, les marchés continueront à fonctionner de la même manière qu’ils l’ont toujours fait jusqu’à présent. Cela paraît bien peu probable.

Diapositive 22 Problème de physique : notre                      est économie une structure dissipative Les structures dissipatives s’autoorganisent et «croissent» quand elles disposent de flux d’énergie: Ouragans ; étoiles (y compris le Soleil) Écosystèmes ; plantes et animaux Chaque type de structure dissipative est un peu différente Les flux d’énergie sont                    pour que essentiels les structures dissipatives puissent vivre Les structures dissipatives ne sont jamais éternelles Elles croissent et finissent par s’effondrer

Diapositive 22

On enseigne souvent la physique sous la forme des actions auxquelles on s’attend dans un système « isolé » ou « fermé ». En fait, la Terre reçoit de l’énergie du Soleil. L’économie, elle aussi, tire également de l’énergie, à partir de combustibles fossiles stockés et d’uranium. Du fait de ces flux d’énergie, les règles applicables à un système « ouvert » sont bien plus adaptées. Ces règles ont fait l’objet de nombreuses études ces dernières décennies. Ilya Prigogine a même reçu un prix Nobel en 1977 pour son travail sur les structures dissipatives.

Ce qui est surprenant, c’est que les structures dissipatives sont toujours temporaires. Ils croissent pendant un certain temps, mais finissent toujours par s’effondrer. Nous savons que les plantes et les animaux ont des durées de vie finies ; en général, elles sont remplacées par de nouvelles plantes et de nouveaux animaux des mêmes espèces. Que des systèmes comme les écosystèmes et les économies aient eux aussi des durées de vie limitées est bien moins évident.

Diapositive 23 Un                         est une structure dissipative écosystème Intrants Un écosystème ne croît jamais au-delà de ce que l’énergie solaire peut soutenir. Systèmes biologiques Énergie solaire Minéraux des sols Sols et eau Aucun déchet véritable ; tout est recyclé Tend à s’effondrer face à des fluctuations très brutales

Diapositive 23

La figure 23 montre la manière dont, à mon sens, on pourrait représenter la structure dissipative d’un écosystème. Ses intrants comprennent l’énergie solaire, l’eau, l’air, les minéraux du sol et le résultat du recyclage des déchets des plantes et des animaux. Le système ne produit pas vraiment de déchets, car tous les déchets sont recyclés. Les écosystèmes ont tendance à s’effondrer lorsque se produisent de très fortes fluctuations. Par exemple, des incendies de forêt ont tendance à se produire lorsqu’une grande quantité de déchets de bois s’est accumulée, et que les conditions météorologiques sont sèches. (Peut-être peut-on considérer le bois sec et les feuilles séchées qui ne se dégradent pas assez vite comme une production temporaire de déchets, qui peut conduire à la disparition de l’écosystème par le feu lorsque les conditions y sont adaptées.)

Diapositive 24 Notre économie est une structure dissipative Fonctionne en gros comme une fusée, grâce aux « Autres énergies » Intrants Déchets produits Écosystème qui croît encore et encore Outils et technologie Énergie solaire Autres énergies Ressources en minerais Sols et eau Pollution Changement  climatique Dette croissante Disparités  salariales Prix  déformés

Diapositive 24

La figure 24 montre la manière dont, à mon avis, on pourrait représenter l’économie en tant que structure dissipative. Elle comprend une partie critique appelée « Autres énergies », qui fait que l’économie fonctionne comme une fusée. Une autre partie essentielle de l’économie s’appelle « Outils et technologie ». Les outils et la technologie permettent d’exploiter les différents intrants, et rendant possible la croissance de l’économie. D’une certaine manière, ils correspondent aux systèmes biologiques qui permettent aux plantes et aux animaux de croître au sein des écosystèmes.

Avec les économies humaines, de multiples problèmes peuvent survenir :
   [1]  La quantité de ressources nécessaires sous forme d’intrants devient insuffisante ;
   [2]  La population humaine augmente de façon disproportionnée par rapport à la quantité d’intrants en énergie et en autres ressources ;
   [3]  Les déchets de divers types qui sont produits devient un problème.

La croissance de la dette est l’un de ces déchets produits. Comme on cherche volontairement à s’endetter, on imagine que la dette est une forme d’intrant. Mais si l’on réfléchit à la situation, on réalise que la dette est en fait un sous-produit plutôt néfaste. Les paiements d’intérêts qui sont exigés ont tendance à priver le système des fonds qu’il pourrait, sinon, utiliser pour payer les travailleurs. De plus, une utilisation croissante de la dette tend à concentrer la propriété des « outils » dans les mains de ceux qui sont déjà riches. La dette peut croître pour un temps, mais elle a des limites, à cause des effets néfastes qu’elle génère sur l’économie.

Une disparité croissante des revenus se produit à cause de la spécialisation accrue qu’exige l’utilisation toujours croissante des outils et de la technologie. Certaines personnes reçoivent le bénéfice d’une formation avancée en apprenant à utiliser des outils comme les ordinateurs. D’autres bénéficient de beaucoup moins d’avantages. De ce fait, leurs salaires restent largement en retrait. Les disparités de revenus présentent une autre limite au système : si une grande partie des travailleurs ne peuvent pas se permettre d’acheter la production de l’économie, la « demande » plonge à un niveau trop bas, et les prix des matières premières ont tendance à baisser.

Des prix déformés (que met en lumière la diapositive 24) concernent les variations de prix provoquées à la fois à cause du surcroît de dette et du fait que l’on atteint des limites. Les prix ne sont pas ceux que fixerait une économie uniquement de troc. Le surcroît de dette permet aux prix d’être beaucoup plus élevés. Et à mesure que des limites se rapprochent, les prix peuvent plonger et devenir inférieurs aux coûts de production. Les fournisseurs continuent de produire des produits énergétiques, au moins pour un temps, jusqu’à ce que ces prix bas deviennent un véritable problème.

Diapositive 25 Une économie qui agit comme une fusée ne peut clairement pas continuer sans fin Problème n°1 : le                           de production coût croissant des produits énergétiques L’EROEI en décrit certains aspects Problème n°2 : la                 d’énergie a besoin quantité de rester croissante Usage croissant d’outils ; croissance démographique Éviter les défauts de dette ; réparer les infrastructures Problème n°3 : les problèmes relatifs à l’ entropie Dette croissante ; pollution croissante Changement climatique ; disparités salariales croissantes L’électricité renouvelable intermittente fausse les prix des autres combustibles

Diapositive 25

Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles une économie, qui se comporte comme une fusée, ne peut pas continuer éternellement sur sa lancée.

La plupart des lecteurs ont probablement entendu parler du « taux de retour énergétique » (Energy Returned on Energy Invested ou EROEI en anglais). C’est une des métriques favorites de nombre de chercheurs en énergie. On le calcule en divisant la quantité d’énergie en sortie d’un système par la quantité d’intrants en énergie requis. Comme je le montre à la diapositive 25, l’EROEI n’examine qu’une partie de l’un des problèmes auxquels les économies font face. Il existe beaucoup d’autres parties du problème, et beaucoup d’autres problèmes, que l’EROEI ne considère pas.

Diapositive 26 L’idée que les renouvelables peuvent remplacer les « Autres énergies » est un mythe Ajouter des renouvelables = ajouter des « outils et technologies » A tendance à priver les travailleurs de « biens et services » En particulier les travailleurs non qualifiés (diapo. 12) Exige une formation accrue pour certains seulement Conduit à augmenter les disparités de revenu Exige une hausse rapide de la dette Conduit à augmenter les disparités de richesse Tainter : La « complexité croissante » fut la cause première des effondrements passés = problème de disparité de revenus/de richesse

Diapositive 26

Beaucoup croient que l’on peut remplacer les « Autres énergies » par les énergies renouvelables. Ce qui justifie notamment cette croyance, ce sont les affirmations fantaisistes d’un certain nombre de chercheurs. Ce qui la justifie aussi, ce sont les calculs d’EROEI, apparemment plutôt favorables, qui sont publiés par ceux qui étudient ces dispositifs. En fait, ces calculs d’EROEI sont très limités. Ils laissent de côté les nombreux effets néfastes qui sont produits lorsqu’on ajoute des outils et de la technologie, et la croissance rapide de la dette que cela exige.

Diapositive 27 L’idée qu’on peut faire tourner l’économie sur l’électricité solaire est tout autant un mythe L’électricité est un produit « coûteux » par joule d’énergie fournie Plus, l’électr. solaire n’est pas disponible en permanence C’est comme si on faisait tourner l’économie avec uniquement des doctorants Ils ne produisent qu’entre 9h et 16h Plus, hiver et mauvais temps beaucoup moins productifs En théorie, réarranger l’économie pour utiliser des robots le reste du temps serait possible Ça ne fonctionnerait pas – beaucoup trop cher de n’employer que des Bac+8 pour occuper tous les emplois

Diapositive 27

Essayer de faire tourner l’économie uniquement avec de l’électricité solaire (ou avec du solaire, du vent et de l’eau) est un exercice futile. L’une des raisons à cela est que cela exigerait de faire des changements massifs pour permettre aux camions de transport international et aux avions long-courrier de rouler et de voler en consommant uniquement de l’électricité.

En outre, l’électricité est un produit énergétique coûteux. Aujourd’hui, notre économie fonctionne sur une combinaison de produits énergétiques coûteux et peu coûteux, dont le coût moyen est tiré vers le bas par les produits peu coûteux. Essayer de faire tourner l’économie uniquement sur de l’électricité seule, c’est un peu comme essayer de la faire tourner en n’employant que des doctorants. En théorie, ça pourrait marcher, mais en pratique, utiliser des doctorants pour servir dans les restaurants et distribuer le courrier serait très coûteux.

Trop souvent, les chercheurs construisent des modèles sans véritablement détailler la manière dont le système devrait fonctionner réellement, et quel en serait le coût.

Diapositive 28 L’EROEI surestime fortement la valeur des énergies renouvelables EROEI fossile : adapté si notre problème est « l’épuisement » de l’énergie tirée des combustibles fossiles Le problème réel est beaucoup plus complexe Besoin majeur : garder les salaires des travailleurs peu qualifiés suffisamment élevés ≈ garder assez haut le rendement du travail humain C’est un type d’EROEI différent Équivalent au rendement minimal du travail animal, étudié par les écologues

Diapositive 28

Tous les types de systèmes possèdent de nombreuses limites. Par exemple, des êtres humains ont parmi leurs limites celle de disposer d’assez d’oxygène. Ils en ont une autre qui est celle de disposer d’assez d’eau. Ils en ont une troisième qui est celle de disposer d’assez de nourriture. Chacune est une limite. Toute la question est de trouver, pour une situation donnée, laquelle est la limite que nous allons atteindre en premier.

L’EROEI basé sur les intrants en combustibles fossiles a été développé à une époque où l’on pensait que l’humanité ferait un jour face à une pénurie de combustibles fossiles. Si notre véritable problème est en fait celui d’être incapables de maintenir le prix des combustibles fossiles à un niveau assez élevé, alors il s’agit là d’un problème différent, et plus complexe.

Pour moi, le ratio que l’on calcule généralement et que l’on désigne par « EROEI » correspond à l’EROEI des combustibles fossiles. On considère couramment cet EROEI comme une limite, mais à mon sens, qu’il s’agisse de la première limite n’a rien d’évident. Il n’est pas non plus évident que cette limite ait une valeur-seuil bien précise (comme EROEI = 1 ou EROEI = 10).

Un autre type d’EROEI existe qui, il me semble, a autant, voire plus de chances d’être la première limite que nous allons atteindre. C’est le retour qu’obtiennent les travailleurs qui vendent leur travail simplement en tant que force de travail (c’est-à-dire sans formation avancée, ni responsabilité de supervision). Si ces travailleurs constatent que leur salaire descend à un niveau trop bas, ce sera une limite au fonctionnement de l’économie. De bas salaires vont empêcher ces travailleurs d’avoir accès aux logements et aux voitures. Si les salaires des très nombreux travailleurs non qualifiés atteignent un niveau trop faible, les prix des matières premières auront tendance à baisser, et le système aura tendance à s’effondrer parce que les producteurs ne peuvent pas faire de profits avec un prix aussi faible.

Les biologistes ont passé des années à étudier le rendement du travail des animaux, après avoir constaté que les populations animales ont tendance à s’effondrer lorsque les animaux se retrouvent obligés de consacrer trop de temps à la recherche de leur nourriture. Plutôt que l’EROEI des combustibles fossiles, un EROEI basé sur les salaires des travailleurs non qualifiés semble offrir un parallèle plus proche avec le rendement du travail des animaux.

Diapositive 29 Les calculs d’EROEI sont inapplicables aux renouvelables intermittents Calcul : énergie produite sur énergie injectée Pas de variable temps Coût en capital supposé égal à zéro Oublie les coûts non énergétiques (ex. coût foncier) Analyse traditionnelle « à la source » Oublie les coûts élevés de transport, y compris longue dist. Renouvel. intermittents: exigent un système double Le système de prix oblige les indispensables producteurs de secours à faire faillite Oublie la contrib. aux disparités de revenu/richesse Oublie aussi les énormes quantités de dette requises

Diapositive 29

J’ai exposé dans la diapositive 29 quelques-uns des problèmes qu’à mon avis, l’EROEI des énergies renouvelables intermittentes pose. Mais ce ne sont pas les seuls. Par exemple, comme il s’agit d’un calcul prospectif, il est très facile de se bercer d’illusions en faisant des estimations optimistes de la production d’énergie à venir et des durées de vie de ces outils de production auxquelles on peut s’attendre.

Diapositive 30 Ugo Bardi, éditeur du nouveau journal « BERQ »* sur l’EROEI, écrit : En fin de compte, il est fou de penser que le système s’effondrera automatiquement quand l’énergie nette du processus de produc- tion de pétrole deviendra négative (ou que l’EROEI deviendra inférieur à 1), et à cause de cette raison. Non, il crashera bien plus tôt à cause de facteurs corrélés au système de contrôle appelé « économie ». Ce comportement est typique des systèmes adaptatifs complexes, qui sont incompréhensibles uniquement en termes de retour énergétique. Le retour de manivelle est inévitable avec les systèmes complexes. *BioPhysical Economics and Resource Quality

Diapositive 30
Source:
http://cassandralegacy.blogspot.com/2017/02/peak-oil-catastrophism-is-popular-but.html

Les chercheurs en énergie définissent « l’énergie nette » comme la quantité d’énergie dont l’EROEI est supérieur ou égal à 1. Il y a une fausse croyance très courante selon laquelle les choses vont continuer à bien se passer tant que l’économie pourra obtenir des produits énergétiques avec un EROEI supérieur à 1. En fait, certaines études commandées par des actuaires, et qui posent la question de savoir si l’économie atteint des limites énergétiques, semblent même reposer sur l’hypothèse qu’obtenir des produits énergétiques avec un EROEI supérieur à 1 suffit à prévenir tout problèmes énergétique à l’avenir. Un tel seuil n’est guère élevé. Avec une telle hypothèse, nos problèmes énergétiques semblent se situer loin, très loin dans le futur. Et on pourra payer les pensions comme prévu pendant encore très longtemps.

Sur la diapositive 30, Ugo Bardi indique qu’une telle hypothèse est incorrecte. Ce n’est pas vrai que le système ne s’écrasera que lorsque l’énergie nette d’un combustible particulier (ici, le pétrole) deviendra négative. Il est impossible de comprendre le comportement d’un système adaptatif complexe comme l’économie en se contentant de le regarder uniquement sous la loupe du retour énergétique. Manifestement, je ne suis pas la seule à regarder l’économie en termes plus larges qu’un simple ratio d’EROEI.

Diapositive 31 Où nous en sommes à présent

Diapositive 31

Où nous en sommes à présent

Diapositive 32 Pas de bonne solution énergétique en vue L’efficacité par le progrès technique fait face à des rendements décroissants Les renouvelables ne marchent pas vraiment Échelle trop petite ; Trop cher Tend à sur-consommer les ressources naturelles Fixation du prix de l’électricité renouvelable néfaste aux combustibles de secours Le nucléaire ne marche plus non plus à présent Coût trop élevé Les principaux industriels (Toshiba, Areva, FirstEnergy) font face à d’énormes problèmes financiers

Diapositive 32

On a du mal à entrevoir la moindre bonne solution. Le progrès technique atteint des rendements décroissants. Ni les énergies renouvelables, ni le nucléaire ne fonctionnent vraiment bien à présent.

Diapositive 33 Si l’économie pouvait croître sans fin, les croyances populaires seraient correctes On pourrait rembourser les dettes avec intérêts Banques et assurances seraient florissantes Les prix de l’énergie seraient assez hauts pour les producteurs et pas trop pour les consommateurs Nos principaux sujets d’inquiétude seraient le changement climatique et la pollution On pourrait s’inquiéter du fait que nous allons flouer nos enfants en n’agissant pas tout de suite contre le changement climatique Mais face au changement climatique, il n’y a pas vraiment de solution énergétique

Diapositive 33

Les prévisions ordinaires semblent poser en hypothèse que l’économie peut croître sans fin.

Diapositive 34 Nous faisons face à de multiples problèmes Problème n°1. Aucune structure dissipative n’est éternelle. Problème n°2. En tant que structure dissipative, notre économie semble atteindre ses limites. En partie à cause de la croissance de la consommation d’énergie qui ralentit En partie à cause des disparités croissantes de revenu Problème n°3. Nous avons développé le recyclage des dettes en actifs à un niveau incroyable Ce recyclage des dettes empêche tout jubilé. Génère un risque de faillite généralisée des banques, assurances et fonds de pension, si l’économie fait faillite

Diapositive 34

De nombreux problèmes majeurs ont été laissés de côté par les modélisations économiques récentes, y compris par les modèles commandés par les actuaires.

Diapositive 35 Les problèmes semblent ne plus être très loin dans le futur Le système financier risque d’être au cœur de la tempête La plupart des analystes par EROEI ne le voient pas L’économie ne peut pas se contracter sans que des défauts de remboursement de dette apparaissent L’économie est incapable de revenir en arrière Une transition vers le transport à cheval serait difficile En théorie, de nouvelles structures dissipatives comparables devraient finir par se former Dépend du nombre de survivants à la contraction à venir Dépend du niveau d’épuisement des ressources Une trop forte contraction peut empêcher l’émergence d’une nouvelle économie

Diapositive 35

On fait principalement appel aux actuaires dans les compagnies d’assurance et les fonds de pension. Ce qui me préoccupe, c’est que cette fois, le système financier sera au cœur de la tempête alors que nous atteindrons des limites. Cela aura des conséquences sur les actuaires et leur travail.

Il reste à voir si un nouveau système économique peut ou non émerger et prendre la place de notre système actuel. C’est sans aucun doute un sujet d’inquiétude.


Deux observations pour finir