Par Gail Tverberg
2 juillet 2007
En 1957, le contre-amiral américain Hyman Rickover a prononcé un discours étonnant qui prédisait bon nombre des problèmes liés à l’énergie auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés. Entre autres choses, son discours parlait :
Le contre-amiral Hyman Rickover est connu comme le père du sous-marin nucléaire. Il a également contribué au fait que les États-Unis commencent à utiliser l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité. Il fut un conseiller de Jimmy Carter, connu pour son intérêt pour les énergies renouvelables. Le monde serait sans doute bien différent si nous avions écouté les idées de M. Rickover il y a plus de 50 ans et si nous avions agi en conséquence.
Ce discours a été publié dans Energy Bulletin en décembre 2006. Ce discours a pu être publié grâce au travail de deux hommes : Theodore Rockwell, auteur de The Rickover Effect: How One Man Made a Difference [L’effet Rickover : comment un seul homme a changé les choses], qui avait cet article dans ses dossiers, et Rick Lakin, qui a cherché l’article et l’a converti au format numérique.
Voici le texte du discours prononcé le 14 mai 1957 par le contre-amiral Hyman Rickover à la Minnesota State Medical Association :
Je suis très honoré d’être ici ce soir, même s’il n’est pas facile, je vous l’assure, pour un profane de faire face à un auditoire de médecins. Un seul d’entre vous, assis derrière son bureau, peut être vraiment formidable.
Mon discours n’a aucune connotation médicale. Cela sera peut-être un soulagement pour vous après la solide formation professionnelle que vous avez suivie. Je voudrais aborder une question qui, je l’espère, vous intéressera en tant que citoyens responsables : l’importance des ressources énergétiques dans ce qui constituera notre avenir.
Nous vivons dans ce que les historiens appelleront peut-être un jour l’ère du combustibles fossiles. Aujourd’hui, le charbon, le pétrole et le gaz naturel fournissent 93% de l’énergie mondiale ; l’énergie hydraulique ne représente que 1% ; et le travail des hommes et des animaux domestiques, les 6% restants. C’est un renversement saisissant des chiffres tels qu’ils existaient en 1850 – il y a seulement un siècle. À l’époque, les combustibles fossiles fournissaient 5% de l’énergie mondiale, et les hommes et les animaux, 94%. Les cinq sixièmes de tout le charbon, le pétrole et le gaz consommés depuis le début de l’ère des combustibles fossiles ont été brûlés au cours des 55 dernières années.
Ces combustibles sont connus de l’homme depuis plus de 3 000 ans. Dans certaines parties de la Chine, on utilisait le charbon pour le chauffage domestique et la cuisine, et le gaz naturel pour l’éclairage dès 1000 av. J.-C. Les Babyloniens brûlaient déjà l’asphalte mille ans auparavant. Mais ces premiers usages étaient sporadiques et, économiquement, ne signifiaient rien. Les combustibles fossiles ne sont devenus une source majeure d’énergie que lorsque des machines fonctionnant au charbon, au gaz ou au pétrole furent inventées. Le bois, par exemple, était le combustible le plus important jusqu’en 1880, quand il a été remplacé par le charbon ; le charbon, à son tour, a été récemment dépassé par le pétrole dans ce pays.
Une fois lancée, la consommation de combustibles fossiles s’est accélérée à un rythme phénoménal. Tous les combustibles fossiles utilisés avant 1900 ne dureraient pas cinq ans aux rythmes de consommation actuels.
Nulle part ces rythmes de consommation ne sont plus élevés et ne croissent plus vite qu’aux États-Unis. Notre pays, qui ne représente que 6% de la population mondiale, utilise un tiers de l’approvisionnement énergétique mondial total ; ce pourcentage serait encore plus grand si nous n’utilisons pas l’énergie plus efficacement que dans les autres pays. Chaque Américain a à sa disposition, chaque année, une quantité d’énergie équivalente à celle que l’on peut obtenir avec huit tonnes de charbon. C’est six fois la consommation moyenne d’énergie par personne dans le monde. Même s’ils ne sont pas aussi spectaculaires, les chiffres de consommation d’énergie dans les autres pays très industrialisés sont eux aussi supérieurs à la moyenne mondiale. Le Royaume-Uni, par exemple, consomme plus de trois fois plus d’énergie que le monde en moyenne.
Une consommation d’énergie élevée s’accompagne d’un niveau de vie élevé. Ainsi, l’énorme quantité d’énergie fossile sous notre contrôle, aux États-Unis, alimente des machines qui font de chacun d’entre nous le maître d’une armée d’esclaves mécaniques. La puissance musculaire de l’homme est estimée à 35 watts en continu, ou un vingtième de cheval-vapeur. Les machines fournissent donc à chaque ouvrier industriel américain l’équivalent de l’énergie de 244 hommes, tandis qu’au moins 2 000 hommes poussent son automobile le long de la route, et sa famille reçoit l’e de 33 fidèles aides ménagères. Chaque conducteur de locomotive contrôle l’équivalent de l’énergie de 100 000 hommes ; chaque pilote d’avion, celle de 700 000 hommes. En fait, l’Américain le plus humble jouit des services de plus d’esclaves que ne possédaient jadis les nobles les plus riches, et vit mieux que la plupart des anciens rois. Rétrospectivement, et malgré les guerres, les révolutions et les désastres, les cent années qui viennent de s’écouler pourraient bien ressembler à un âge d’or.
La poursuite de cet âge d’or repose entièrement sur notre capacité à faire en sorte que notre approvisionnement énergétique continue de suivre les besoins de notre population croissante. Avant d’aborder cette question, permettez-moi de passer rapidement en revue le rôle des ressources énergétiques dans l’essor et la chute des civilisations.
Posséder un surplus d’énergie est évidemment nécessaire à toute civilisation, car lorsqu’un homme ne possède que l’énergie de ses propres muscles, obtenir à peine de quoi survivre exige de dépenser toutes ses forces – mentales et physiques.
Un surplus d’énergie fournit la base matérielle d’une vie civilisée – une belle et confortable maison au lieu d’un vulgaire abri ; des vêtements attrayants au lieu d’une simple couverture pour rester au chaud ; une nourriture appétissante au lieu de quoi juste pour apaiser la faim. Il le libère d’un labeur harassant et rend possibles l’art, la musique, la littérature, l’étude. Il est inutile d’insister sur ce point. Ce qui a libéré l’homme – l’un des mammifères les plus faibles – au-dessus du règne animal est qu’il ait pu concevoir, grâce à son cerveau, des moyens d’augmenter la quantité d’énergie à sa disposition et d’utiliser le temps libre ainsi obtenu pour cultiver son intelligence et son esprit. Là où l’homme ne doit compter que sur l’énergie de son propre corps, il ne peut guère soutenir que la plus pauvre des existences.
Le premier pas de l’homme sur l’échelle de la civilisation date de sa découverte du feu et de sa domestication d’animaux. Grâce à ces ressources énergétiques, il a pu se construire une culture pastorale. S’élever vers une civilisation agricole exigeait plus d’énergie encore. Il y a longtemps, il l’a trouvée en faisant travailler les membres éloignés au sein de grandes familles patriarcales, auquel il adjoignait des esclaves achetés ou capturés comme butin de guerre. Des groupes humains peu avancés existe encore aujourd’hui, qui reposent sur ce type d’énergie.
Les cités-États et les empires antiques avaient besoin du travail des esclaves ; leurs esclaves étaient souvent plus nombreux que leurs citoyens libres. Tant que les esclaves étaient présents en abondance et qu’aucune censure morale n’était attachée à leur propriété, il y avait peu d’incitation à rechercher des sources d’énergie alternatives ; c’est peut-être la raison la plus importante pour laquelle l’ingénierie n’a fait que très peu de progrès durant l’Antiquité.
Dans le passé, une baisse de la consommation d’énergie par personne a toujours conduit à un déclin de la civilisation et à un retour à un mode de vie plus primitif. Par exemple, l’épuisement du bois de chauffage aurait été la principale raison de la chute de la civilisation maya sur ce continent, et du déclin des civilisations jadis florissantes en Asie. Autrefois, l’Inde et la Chine possédaient de grandes forêts, tout comme une grande partie du Moyen-Orient. La déforestation a non seulement réduit la ressource énergétique, mais elle a eu un autre effet désastreux : du fait du manque de couverture végétale et du lessivage des sols, l’érosion des sols arables ont réduit les ressources alimentaires.
Une autre cause de déclin des civilisations provient de la pression démographique sur les terres disponibles. Un seuil est atteint lorsque la terre ne peut plus soutenir à la fois la population humaine et ses animaux domestiques. Chevaux et mules disparaissent en premier. Même le buffle d’eau si polyvalent finit par être remplacé par l’homme qui est un convertisseur d’énergie deux fois et demie plus efficace que les animaux de trait. Il faut toujours garder à l’esprit que si les animaux domestiques et les machines agricoles augmentent la productivité par personne, la productivité maximale par hectare ne peut être atteinte que par une culture intensive à la main.
Le fait que les populations pauvres d’Asie, qui, aujourd’hui, vont rarement se coucher le ventre plein, étaient autrefois beaucoup plus civilisées et vivaient beaucoup mieux que la population occidentale, devrait faire réfléchir. Et ça n’est pas si vieux non plus. Ce sont les récits de Marco Polo à propos de la merveilleuse civilisation chinoise qui ont tourné les yeux de l’Europe vers les richesses de l’Orient, et poussé les marins aventureux à braver la haute mer dans leurs petits vaisseaux à la recherche d’un itinéraire direct vers cet Orient fabuleux. On parle encore de « richesse des Indes », mais quelle que soit cette richesse, elle n’a certainement rien d’évident quand on regarde la vie des gens qui y vivent aujourd’hui.
L’Asie n’a pas réussi à ce que le rythme de son progrès technique suive les besoins de ses populations croissantes, et elle a sombré dans une telle pauvreté que, dans nombre d’endroits, l’homme est redevenu la principale source d’énergie, les autres convertisseurs d’énergie étant devenus trop chers. Ceci ne peut être qu’évident aux yeux de l’observateur le plus ordinaire. Ce que cela signifie, c’est tout simplement le retour à un stade de la civilisation plus primitif, avec tout ce que cela signifie en termes de bonheur et de dignité humaine.
Quiconque a regardé un ouvrier agricole chinois en sueur grimper sur sa brouette lourdement chargée et grinçant le long d’une route pavée, quiconque a tressailli devant une interminable procession de bêtes de somme humaines allant au marché à Java – les femmes élancées ployant sous des montagnes de charges accumulées sur leurs têtes – quiconque a vu la traduction de statistiques en chair et en os, se rend compte le niveau de dégradation de la stature humaine quand sa puissance musculaire devient la seule source d’énergie qu’il peut se permettre. La civilisation ne peut que se faner lorsque les êtres humains sont à ce point dégradés.
Là où l’esclavage représentait une source majeure d’énergie, son abolition a eu pour effet immédiat de réduire la consommation d’énergie. Ainsi, lorsque cette institution séculaire fut soumise à la censure morale par le christianisme, la civilisation a décliné jusqu’à ce que l’on trouve d’autres sources d’énergie. L’esclavage est incompatible avec la croyance chrétienne en la valeur du plus humble des individus en tant qu’enfant de Dieu. Avec la diffusion du christianisme à travers l’Empire romain et la libération des esclaves par leurs maîtres – obéissant ainsi à l’enseignement de l’Église – la ressource énergétique de la civilisation romaine s’écroula. Selon certains historiens, cela a pu être une des causes majeures du déclin de Rome et du retour temporaire à un mode de vie plus primitif au cours de l’âge des ténèbres qui a suivi. L’esclavage a peu à peu disparu du monde occidental, sauf dans la forme plus bénigne du servage. Qu’il ait été relancé mille ans plus tard montre simplement les capacités de l’homme à étouffer sa conscience – du moins pour un temps – quand il a de grands besoins économiques. Mais en fin de compte, même les besoins des économies de plantation outremer n’ont pas suffi à maintenir vivante une pratique qui répugne tant aux convictions les plus profondes de l’homme occidental.
Il est bien possible que ce soit le refus de dépendre de l’esclavage pour satisfaire leurs besoins énergétiques qui ait poussé les Européens du Moyen-Âge à rechercher d’autres sources d’énergie, déclenchant ainsi la Révolution de la puissance que cette époque a connue et qui, à son tour, a ouvert la voie de la révolution industrielle du XIXe siècle. Lorsque l’esclavage a disparu en Occident, l’ingénierie a progressé. Les hommes ont commencé à exploiter la puissance de la nature en utilisant comme sources d’énergie l’eau et le vent. Le voilier, en particulier, qui remplaça la galère antique mue par les esclaves, fut grandement amélioré par les constructeurs navals du Moyen-Âge et devint la première machine permettant à l’homme de contrôler de grandes quantités d’énergie inanimée.
Le principal convertisseur d’énergie dense qui a été ensuite utilisé par les Européens fut la poudre à canon – une source d’énergie de loin supérieure à la puissance musculaire de l’archer ou du lancier le plus fort. Avec des navires capables de naviguer en haute mer et des armes capables de tirer beaucoup plus loin que n’importe quelle arme manuelle, l’Europe était devenue assez puissante pour préempter les vastes étendues vides de l’hémisphère occidental, y déverser ses surplus de population et construire de nouvelles nations d’origine européenne. Avec ces navires et ces armes, elle prit également le contrôle politique des zones peuplées d’Afrique et d’Asie, d’où elle tira les matières premières dont elle avait besoin pour accélérer son industrialisation, complétant ainsi sa domination navale et militaire par une suprématie économique et commerciale.
Quand une société à faible consommation d’énergie entre en contact avec une société à fortement consommatrice d’énergie, l’avantage revient toujours à la seconde. Non seulement les Européens ont atteint des niveaux de vie beaucoup plus élevés que les populations du reste du monde, mais ils l’ont fait alors même que leur population croissait à des rythmes dépassant de loin ceux des autres populations. En fait, ils ont multiplié par deux leur part de la population mondiale totale en l’espace de trois siècles. D’un sixième en 1650, les populations européennes ont atteint presque le tiers de la population mondiale en 1950.
Pendant ce temps, l’essentiel du reste du monde n’arrivait même pas à faire correspondre ses sources d’énergie à sa croissance démographique. En fait, dans de vastes régions, la consommation d’énergie par personne a baissé. C’est cette différence de consommation d’énergie qui s’est traduite par un écart toujours plus grand entre la minorité d’un tiers vivant dans des pays fortement consommateurs d’énergie et la majorité des deux tiers vivant dans les régions à faible consommation d’énergie.
Ces pays dits sous-développés rencontrent à présent beaucoup plus de difficultés à rattraper la minorité chanceuse que l’Europe n’en a rencontré pour démarrer la transition d’une faible consommation d’énergie à une consommation d’énergie élevée. D’une part, leur quantité de terres par personne est beaucoup moins favorable ; d’autre part, ils n’ont pas d’exutoire pour les surplus de populations pour faciliter la transition, puisque les personnes venant d’Europe ont déjà pris le pouvoir sur toutes les régions vides.
Presque tous les pays actuels à faible consommation d’énergie ont une densité de population si grande que cela les enferme dans une dépendance dans une agriculture manuelle intensive qui, seule, ne leur fournit qu’à peine assez de nourriture. La superficie par habitant dont ils disposent ne leur permet pas de justifier l’utilisation d’animaux domestiques ou de machines agricoles, même si de meilleures semences, une meilleure gestion des sols et de meilleurs outils manuels pourraient apporter quelques progrès. Une très grande partie de leur population active doit néanmoins rester à travailler la terre, ce qui limite la quantité d’énergie en surplus qu’ils peuvent produire. La plupart de ces pays doivent choisir entre utiliser ce petit surplus d’énergie pour augmenter leur très bas niveau de vie ou remettre à plus tard les bénéfices qu’il apporterait en investissant dans de nouvelles industries pour obtenir un gain futur. Le choix est difficile car aucune garantie n’existe que le refus d’aujourd’hui ne sera pas fait en vain. L’explication vient de la rapidité avec laquelle les mesures de santé publique ont réduit les taux de mortalité, provoquant une croissance démographique aussi élevée, voire plus élevée encore que celle des pays à forte consommation d’énergie. Le choix qui s’offre à eux est amer ; il explique en grande partie leur sentiment anti-occidental et peut fort bien laisser présager une période prolongée d’instabilité mondiale.
L’exemple de l’Inde illustre très bien jusqu’à quel point la consommation d’énergie est liée au niveau de vie. Malgré des efforts plein d’intelligence et de persévérance depuis son indépendance, le revenu par habitant en Inde n’est encore que d’un cinquième de dollar par jour ; la mortalité infantile y est quatre fois la nôtre ; et l’espérance de vie de sa population n’est même pas la moitié de celle des pays industrialisés en Occident. Ce sont les conséquences ultimes de la très faible consommation d’énergie de l’Inde : un quatorzième de la moyenne mondiale ; un quatre-vingtième de la nôtre.
Il est également inquiétant de constater que, alors que la production alimentaire mondiale a augmenté de 9% entre 1945 et 1951, la population mondiale a augmenté de 12%. Non seulement la population mondiale augmente plus vite que la production alimentaire mondiale, mais malheureusement, les hausses de production alimentaire ont tendance à avoir lieu dans les pays fortement consommateurs en énergie, dont la population est déjà bien nourrie, plutôt que dans les pays sous-alimentés, à faible consommation d’énergie où la nourriture manque le plus.
Je ne pense pas nécessaire de développer davantage pour démontrer l’importance des ressources énergétiques pour notre propre avenir. Notre civilisation repose sur une base technologique qui exige d’énormes quantités de combustibles fossiles. Quelles assurances avons-nous alors que les combustibles fossiles pourront continuer à alimenter nos besoins en énergie ? La réponse est – à long terme – aucune.
La Terre est finie. Les combustibles fossiles ne sont pas renouvelables. À cet égard, notre ressource énergétique diffère de celle de toutes les civilisations précédentes. Celles-ci auraient pu maintenir leur approvisionnement en énergie par une agriculture prudente. Nous ne le pouvons pas. Le combustible qui a été brûlé a disparu à jamais. Les combustibles sont encore plus évanescents que les métaux. Les métaux sont eux aussi des ressources non renouvelables menacées d’une extinction ultime, mais de la ferraille, on peut récupérer quelque chose. Rien ne reste des combustibles brûlés et il n’y a rien que l’homme puisse faire pour reconstituer les réserves épuisées de combustibles fossiles. Elles ont été créées par l’énergie solaire il y a 500 millions d’années et il leur a fallu des ères géologiques entières pour atteindre leur volume actuel.
Face à la réalité fondamentale du fait que les réserves de combustibles fossiles soient limitées, la durée exacte de ces réserves n’a d’importance qu’à un seul titre : plus elles durent, plus nous avons de temps pour inventer des façons de vivre de sources d’énergie renouvelables ou de substitution, et d’ajuster notre économie aux vastes changements auxquels il faut nous attendre face à une telle conversion.
Les combustibles fossiles ressemblent au capital placé dans une banque. Un parent responsable et prudent utilisera son capital avec parcimonie afin de transmettre à ses enfants la plus grande part possible de son héritage. Un parent irresponsable et égoïste le gaspillera dans une vie de débauche et se moquera comme d’une guigne de de savoir comment sa progéniture s’en sortira.
Ingénieurs qui, par leur travail, deviennent familiers des statistiques sur l’énergie ; industriels clairvoyants qui savent que l’énergie est l’élément central qui doit entrer dans la moindre planification de l’avenir ; gouvernements responsables qui réalisent que le bien-être de leurs citoyens et le pouvoir politique de leur pays dépendent d’un approvisionnement énergétique approprié – tous commencent à se préoccuper des ressources énergétiques. Dans ce pays en particulier, de nombreuses études ont été réalisées ces dernières années, qui cherchent à découvrir des informations fidèles sur les réserves de combustibles fossiles et les besoins prévisibles en combustible.
Les statistiques impliquant le facteur humain ne sont, bien sûr, jamais exactes. La taille des réserves utilisables dépend de la capacité des ingénieurs à rendre l’extraction et l’usage des combustibles plus efficaces. Elle dépend aussi de la découverte de nouvelles méthodes pour obtenir de l’énergie à partir de ressources de moindre qualité à des coûts qui peuvent être supportés sans réduire indûment le niveau de vie. Les estimations des besoins futurs reposent à leur tour lourdement sur les chiffres de démographie, qui doivent toujours tenir compte d’une grande part d’incertitude, d’autant plus que l’homme atteint un stade où il est de plus en plus capable de contrôler son propre mode de vie.
Il est étonnant de voir à quel point les estimations actuelles des réserves de combustibles fossiles varient. Cela est dû, en partie, au fait que les résultats changent énormément si l’on ne prend pas en compte le coût d’extraction ou si, en calculant la durée des réserves, on ignore la croissance démographique ; ou, tout aussi important, s’il n’accorde pas assez de poids à la hausse de consommation de combustible nécessaire pour traiter les minerais métalliques de moindre qualité ou les matériaux de substitution. Nous approchons à grands pas du moment où l’épuisement des minerais métalliques de haute qualité nous obligera à nous tourner vers des minerais plus pauvres qui, dans la plupart des cas, exigent de dépenser une plus grande quantité d’énergie par unité de métal.
Mais la distinction la plus significative entre les chiffres optimistes et pessimistes de réserves de combustibles vient du fait que les optimistes parlent généralement de l’avenir immédiat – en gros, les vingt-cinq prochaines années – alors que les pessimistes se projettent sur les cent ans qui viennent. Un siècle, ou même deux, c’est une courte période dans l’histoire d’un grand peuple. Il me semble raisonnable de choisir la vision à long terme, même si cela implique de faire face à des réalités désagréables.
Car il est une réalité désagréable que, selon nos meilleures estimations, les réserves totales de combustibles fossiles récupérables pour un coût qui n’excède pas deux fois le coût actuel, devraient s’épuiser quelque part entre 2000 et 2050, si l’on prend en compte les niveaux de vie et les rythmes de croissance démographique actuels. Pétrole et gaz naturel disparaîtront en premier, et le charbon, en dernier. Il restera du charbon sous terre, bien sûr. Mais il sera si difficile à exploiter que les coûts de l’énergie atteindraient des sommets économiquement insupportables, de sorte qu’il deviendrait alors nécessaire, soit de découvrir de nouvelles sources d’énergie, soit de réduire drastiquement les niveaux de vie.
Durant plus de cent ans, nous avons alimenté un nombre croissant de machines avec du charbon ; durant cinquante ans, nous avons injecté du gaz et du pétrole dans nos usines, nos voitures, nos camions, nos tracteurs, nos navires, nos avions et nos maisons sans penser un seul instant à l’avenir. De temps à autre s’élevait la voix d’un Cassandre, rapidement réduite au silence quand une heureuse découverte permettait de réviser à la hausse les estimations de nos réserves de pétrole, ou qu’un nouveau gisement de charbon était trouvé dans un lieu reculé. Il faut s’attendre à ce que ces heureuses découvertes soient moins nombreuses à l’avenir, en particulier dans les pays industrialisés où un travail de prospection approfondi des ressources a été déjà été réalisé. Pourtant, ceux qui vulgarisent les nouvelles scientifiques voudraient nous faire croire qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter, que les réserves vont durer des milliers d’années, et qu’avant qu’elles ne s’épuisent, la science aura produit des miracles. Notre histoire passée et notre sécurité nous ont faire croire en l’impression que ce que nous craignons ne se produira jamais vraiment – qu’en fin de compte, tout se terminera bien. Mais, l’homme prudent refusera ces calmants et préférera faire face à la réalité pour pouvoir préparer avec intelligence ses besoins pour la postérité.
Si l’on regarde l’avenir à partir du milieu du XXe siècle, avoir la certitude que les actuels niveaux de vie élevés pourront se poursuivre avec certitude au cours du prochain siècle et au-delà serait faire preuve d’une confiance exagérée. Les coûts des combustibles fossiles vont bientôt commencer à augmenter, quand les meilleures et les plus accessibles des réserves seront épuisées, et qu’il faudra déployer plus d’efforts pour obtenir la même quantité d’énergie à partir des réserves restantes. Il est également probable que les combustibles liquides synthétisés à partir du charbon seront plus chers. Pouvons-nous être certains que quand les combustibles fossiles économiquement récupérables ne seront plus, la science aura trouvé comment maintenir un niveau de vie élevé grâce aux sources d’énergie renouvelables ?
Je crois qu’il serait sage de supposer que les principales sources de combustibles renouvelables que nous pouvons espérer exploiter avant l’épuisement des réserves fossiles ne pourront fournir que 7 à 15% des besoins énergétiques futurs. Parmi ces sources renouvelables, les cinq les plus importantes sont le bois-combustible, les déchets agricoles, le vent, l’énergie hydraulique et la chaleur d’origine solaire.
Il est peu probable que le bois-combustible et les déchets agricoles puissent être des substituts crédibles du fait des besoins alimentaires croissants qu’il faut anticiper. Il y a plus de chances que les terres doivent être utilisées pour produire de la nourriture plutôt que pour faire pousser des arbres ; le besoin peut être plus urgent d’utiliser les déchets agricoles pour fertiliser les sols plutôt que pour alimenter des machines.
Les énergies éoliennes et hydrauliques ne peuvent fournir qu’un très faible pourcentage de nos besoins énergétiques. De plus, comme avec l’énergie solaire, elles exigeraient des structures coûteuses et l’utilisation de terres et de métaux dont nous ferons aussi face à l’épuisement. De même, rien de ce que nous savons aujourd’hui ne justifie de se rendre trop dépendant de l’énergie solaire, bien que, dans certains endroits favorables, il soit probablement possible de l’utiliser pour chauffer les logements et, dans les pays chauds qui manquent de bois, comme l’Inde, pour cuisiner.
L’horizon des combustibles nucléaires est plus prometteur. Il ne s’agit pas à proprement parler de sources d’énergie renouvelables, du moins pas dans l’état actuel de la technologie, mais leur capacité de « surgénération » et la très grande quantité d’énergie produite à partir de petites quantités de matières fissiles, ainsi que le fait que ces matériaux soient relativement abondants, semblent effectivement mettre les combustibles nucléaires dans une catégorie distincte de celle des combustibles fossiles épuisables. L’élimination des déchets radioactifs provenant des centrales nucléaires est toutefois un problème qui doit être résolu avant que l’on puisse recourir à un usage généralisé de l’énergie nucléaire.
Une autre limite dans l’utilisation de l’énergie nucléaire est que nous ne savons pas aujourd’hui comment l’utiliser autrement que dans de grandes unités pour produire de l’électricité ou fournir de la chaleur. Du fait de ses caractéristiques intrinsèques, le combustible nucléaire ne peut pas être utilisé directement dans de petites machines, comme les voitures, les camions ou les tracteurs. On peut douter du fait qu’il puisse, dans un avenir prévisible, servir de combustible économique pour des avions ou des navires civils, sauf ceux qui sont très grands. Plutôt que d’avoir des locomotives à propulsion nucléaire, il pourrait être bien plus intéressant de déplacer des trains grâce à l’électricité produite dans des centrales nucléaires. Nous ne sommes qu’au début de la technologie nucléaire : prédire ce à quoi on peut s’attendre est donc difficile.
Le transport – l’élément vital de toutes les civilisations techniquement avancées – semble être assuré, lorsque nous aurons supporté le coût initial élevé de l’électrification des chemins de fer et du remplacement des bus par des tramways ou des trains électriques interurbains. Mais à moins que la science n’arrive à réaliser le miracle de synthétiser du carburant automobile à partir d’une source d’énergie encore inconnue, ou à moins que dans toutes les rues et autoroutes, les véhicules électriques soient alimentés par les trolleys, il sera sage de se préparer à la disparition des voitures, des camions, des bus et des tracteurs. D’ici que tout le pétrole ait disparu et que l’on ne puisse plus hydrogéner le charbon pour en obtenir des carburants liquides de synthèse, il est possible que le coût du carburant automobile grimpe jusqu’au point où les voitures particulières seront devenues trop chères, et les transports publics redevenus rentables.
Aujourd’hui, l’automobile est le consommateur d’énergie le moins économique. Son efficacité énergétique est de 5%, contre 23% pour le chemin de fer Diesel-électrique. C’est l’automobile qui fait preuve de la plus grande rapacité vis-à-vis des combustibles fossiles, dévorant plus de la moitié de la consommation totale de pétrole de ce pays. Et pour créer le pétrole qu’aux États-Unis, nous utilisons en un an, il a fallu environ 14 millions d’années à la nature. Curieusement, l’automobile, qui est la principale cause de l’épuisement rapide des réserves de pétrole, pourrait finit par être le premier consommateur de combustibles à en souffrir. Réduire l’usage de la voiture exigerait une réorganisation extraordinairement coûteuse du mode de vie dans les pays industrialisés, en particulier aux États-Unis. Il semble prudent de garder cela à l’esprit au moment de la planification future des villes et des sites industriels.
Nos réserves actuelles connues de matières fissiles sont équivalentes à plusieurs fois nos réserves nettes et économiquement récupérables de charbon. Nous aurons franchi un point de bascule avant la fin de ce siècle, quand les coûts des combustibles fossiles auront suffisamment augmenté pour rendre les combustibles nucléaires économiquement compétitifs. D’ici-là, nous devrons faire de gros efforts pour augmenter notre bagage de connaissances techniques et scientifiques jusqu’à un niveau très supérieur. Nous devons également inciter beaucoup plus de jeunes Américains à devenir des ingénieurs métallurgistes et nucléaires. Faute de quoi nous n’aurons pas les connaissances ou les gens permettant de construire et d’exploiter les centrales nucléaires qui risquent, en fin de compte, de devoir répondre à la majeure partie de nos besoins énergétiques. Si nous commençons dès maintenant le travail de planification, nous pourrons peut-être atteindre le niveau requis de connaissances scientifiques et techniques avant de venir à bout de nos réserves de combustibles fossiles – mais nous ne disposons pas d’une grosse marge de sécurité. Ceci repose aussi sur l’hypothèse que nous pourrons éviter une guerre nucléaire et que la croissance démographique ne dépassera pas celle aujourd’hui calculée par les experts démographes.
La guerre, bien sûr, annule tout ce que l’homme pourrait espérer. Même des tensions mondiales croissantes, ne faisait que précéder la guerre sans jamais l’atteindre, pourrait avoir des effets considérables. Dans ce pays, cela pourrait, d’une part, conduire à plus économiser les combustibles nationaux, à augmenter les importations de pétrole et à accélérer la recherche scientifique susceptible de trouver de nouvelles et inattendues sources d’énergie. D’autre part, la course aux armements qui en résulterait épuiserait plus rapidement les réserves de métaux, rapprochant le jour où il faudra exploiter les minerais métalliques de moindre qualité, impliquant une plus grande dépense d’énergie. Les pays sous-développés ayant des gisements de combustibles fossiles pourraient être contraints de les soustraire au monde libre ou décider par eux-mêmes de les économiser pour leur propre usage futur. L’effet sur l’Europe, qui dépend des importations de charbon et de pétrole, serait désastreux, et nous nous retrouverions face au dilemme de devoir partager nos propres approvisionnements ou bien de perdre nos alliés.
Sauf à ce que survienne une guerre atomique ou des changements démographiques inattendus, nous pouvons compter sur une hausse de la population mondiale, de deux milliards et demi d’individus aujourd’hui à quatre milliards en l’an 2000 ; entre six et huit milliards à l’horizon 2050. Les États-Unis devraient quadrupler leur population au cours du XXe siècle – passant de 75 millions en 1900 à 300 millions en 2000 – et atteindre au moins les 375 millions d’habitants en 2050. Cela équivaudrait presque exactement à la population indienne actuelle, qu’elle fait vivre avec un peu moins de la moitié de notre superficie.
Le graphe de la croissance de la population mondiale allant des temps préhistoriques – il y a des dizaines de milliers d’années – jusqu’à après-demain – disons l’an 2000 – a quelque chose de terrifiant. Si l’on imagine que la courbe de population est une route partant du niveau de la mer et prenant de l’altitude à mesure que la population mondiale croît, on la verrait s’étirer indéfiniment, quasi horizontalement, pendant 99% du temps où l’homme a vécu sur la Terre. En 6000 av. J.-C., au moment de nos premières traces écrites, la route se trouve à une altitude d’environ 20 mètres au-dessus du niveau de la mer, ce qui correspond à une population de 10 millions d’habitants. Sept mille ans plus tard – en l’an 1000 – la route atteint une altitude de 500 mètres ; la pente devient maintenant plus forte, et 600 ans plus tard, la route atteint les 880 mètres de haut. Durant la courte période des 400 années qui suivent – entre 1600 et 2000 – la pente de la route change brutalement pour devenir quasi verticale, fonçant jusqu’à une altitude de 8 800 mètres – l’altitude du Mont Everest, le plus haut sommet du monde.
Au cours des 8 000 ans qui se sont écoulés depuis le début de la préhistoire jusqu’à l’an 2000, la population mondiale est passée de 10 millions à 4 milliards de personnes, dont 90% de cette croissance s’est déroulée au cours des 5 derniers pour cent de cette période, en 400 ans. Il a fallu les 3 000 premières années de l’histoire pour réaliser le premier doublement de la population, 100 ans pour le dernier doublement, et le prochain doublement de population n’exigera que 50 ans. Les calculs nous donnent l’estimation étonnante qu’un être humain sur vingt né un jour sur Terre est aujourd’hui vivant.
La rapidité de la croissance démographique ne nous a pas laissé assez de temps pour réajuster notre manière de penser. Il y a à peine plus d’un siècle, notre pays – l’endroit même où je me trouve à présent – était une région reculée où un pionnier pouvait trouver une liberté totale loin des autres hommes et du gouvernement. Si l’endroit devenait trop fréquenté – si notre pionnier voyait la fumée sortant de la cheminée de son voisin – il pouvait, et il le faisait souvent, faire ses valises et aller plus loin à l’ouest. Nous avons commencé à vivre en 1776 sous la forme d’une nation de moins de quatre millions de personnes – réparties sur un vaste continent – dotées des richesses apparemment inépuisables de la nature alentour. Nous avons conservé ce qui était rare – le travail humain – et gaspillé ce qui semblait abondant – les ressources naturelles – et nous continuons toujours à faire la même chose aujourd’hui.
L’essentiel des régions reculées qui ont nourri ce qui est le plus dynamique dans le tempérament américain est désormais enterré sous les villes, les usines et les résidences de banlieue dans lesquelles les fenêtres ne montrent rien de plus stimulant que l’arrière-cour du voisin dans laquelle la fumée du feu de son barbecue est clairement visible.
On ne peut pas avoir la même vie dans des communautés surpeuplées et au bord de la Frontière. Nous ne sommes plus libres comme pouvait l’être le pionnier – libre de travailler pour nos propres besoins immédiats sans se préoccuper de l’avenir. Nous ne sommes plus aussi indépendants des hommes et du gouvernement que pouvaient l’être les Américains d’il y a deux ou trois générations. Une part toujours plus grande de ce que nous gagnons doit servir à résoudre les problèmes causés par un mode de vie surpeuplé – de plus gros gouvernements ; de plus gros budgets de villes, d’États et fédéraux pour pouvoir financer davantage de services publics. Même s’approvisionner en eau en quantité suffisante et remporter nos déchets devient jour après jour plus difficile et plus cher. Réglementer les relations humaines dans les communautés industrielles urbaines et sur les autoroutes bondées exige plus de lois et d’organismes s’assurant de la bonne application de ces lois que dans l’Amérique de Thomas Jefferson.
Certes, personne n’aime les impôts, mais dans la plus grande Amérique de demain, nous devons nous réconcilier avec des impôts plus élevés.
Ce que je suggère, c’est que c’est le bon moment pour prendre le temps de réfléchir à nos responsabilités vis-à-vis de nos descendants – ceux qui arriveront quand s’achèvera l’ère des combustibles fossiles. Notre plus grande responsabilité, en tant que parents, en tant que citoyens, est de donner aux jeunes Américains la meilleure éducation possible. Nous avons besoin des meilleurs enseignants, et en nombre suffisant, pour préparer nos jeunes à un avenir infiniment plus complexe que ce que nous connaissons aujourd’hui, et pour attirer toujours plus d’hommes et de femmes compétents et hautement qualifiés. Cela veut dire que nous ne devons pas retarder la construction de nouvelles écoles, universités et terrains de jeux. Cela veut dire que nous devons nous réconcilier avec des impôts qui ne cessent d’augmenter pour assurer des salaires décents à un corps beaucoup plus large d’enseignants bien mieux formés, même si cela doit nous obliger à nous priver de plaisirs momentanés comme le fait d’acheter une nouvelle voiture plus grosse, un téléviseur ou un gadget domestique. Nous devrions – je crois – trouver ces petites privations personnelles bien plus que compensés par les bénéfices que cela permettrait d’apporter à l’Amérique de demain. Nous pourrions même – si c’était là notre volonté – donner un répit à ces jeunes en réduisant un peu ici et là notre consommation de combustibles et de métaux pour fournir une marge plus sûre pour les ajustements qui seront nécessaires et devront en fin de compte être réalisés dans un monde sans combustibles fossiles.
Voici une dernière réflexion que je voudrais vous laisser. Une consommation d’énergie élevée a toujours été une condition préalable du pouvoir politique. La tendance est à la concentration du pouvoir politique dans un nombre toujours plus petit de pays. In fine, la nation qui contrôlera les plus grandes ressources énergétiques deviendra dominante. Si nous réfléchissons au problème des ressources énergétiques, si nous agissons avec sagesse et à temps pour économiser ce que nous possédons et si nous nous préparons comme il faut aux nécessaires changements à venir, nous assurerons cette position dominante à notre propre pays.